Assister annuellement à cette Nuit de la kora que présente le Festival international Nuits d’Afrique au Gesù, cela implique un désir franc de bien saisir d’où proviennent les grandes musiques d’Afrique de l’Ouest. Et si on y retourne encore une fois avec ce désir de connexion, la rencontre de virtuoses s’avère nourrissante : Zal Sissokho, excellent joueur de kora, et son maître venu à sa rencontre, Toumany Kouyaté.
Depuis les années 80, les amateurs de musique non occidentale écoutent la kora, instrument central de l’Afrique de l’Ouest, dont la science du jeu est assurée par les griots de père en fils depuis des siècles et des siècles.
Toumany Kouyaté fut formé par son père et d’autres maîtres pour en devenir un lui-même et enseigner son savoir profond à d’autres générations subséquentes dont celle de Zal Sissokho, authentique griot et Montréalais d’adoption, aussi formé par le paternel et autres maîtres rencontrés sur sa route, Toumany Kouyaté dans le cas qui nous occupe.
Ainsi, nous avions deux générations de griots passés maîtres de la kora, cet instrument à 21 cordes, mi-harpe mi-guitare. Il permet de produire une étoffe mélodico-harmonique qui permet au griot de s’accompagner et de chanter l’histoire et la destinée de la culture mandingue.
Depuis les années 80, on a vu se succéder des générations de griots de plus en plus virtuoses et compétents. Certains sont devenus des réformateurs du style traditionnel, faisant exploser les standards techniques.
Mais il existe aussi des interprètes rigoureux dont les réformes affinent un langage traditionnel déjà riche et complexe. C’était le cas dimanche pour Toumany Kouyaté, dont les modulations harmoniques révèlent des bijoux d’interprétation. On comprend l’admiration et l’amitié entre ce maître et son disciple Zal Sissokho, qui lui fait honneur au Québec en perpétuant une tradition dynamique, de plus en plus ouverte sur le reste du monde.
Le dialogue entre les deux musiciens a parfaitement témoigné de cette belle relation entre deux hommes de même souche, qui vivent désormais à des dizaines de milliers de kilomètres l’un de l’autre. Les retrouvailles constituent toujours un bon concept, n’est-ce pas?