Comme un maudit ragoût aux saveurs latines brassé sous une éclipse lunaire, Sancocho Trifásco, le dernier album des Empanadas Illegales de Vancouver, bouillonne de malice cosmique et d’alchimie punk pan-latine. C’est un collage sonore hallucinatoire, à l’image de la fantastique pochette de l’album – à la fois procession de rue et rêve de science-fiction – qui mélange rythmes reggaetón, basses cumbia et guitares surf frites à l’acide en un pot-pourri sonore délirant et déséquilibré. Ils se classent eux-mêmes comme un groupe de cumbia psychédélique et c’est exactement ce que nous sert Sancocho Trifiásco.
Dès l’ouverture, « Suto Ta Kandá (de las 4 a las 12) », vous êtes plongé dans un royaume tordu où les signatures temporelles fondent comme du plastique dans un micro-ondes. Ce titre est le seul à être mené par des voix, et ma seule critique serait que j’aurais voulu plus de voix sur l’ensemble de l’album.
Le reste des instrumentaux se faufile dans un brouillard de dembow haché, les percussions claquent comme un chancla sur le visage, et les grooves sont glissants. Au moment où vous pensez avoir trouvé le rythme, il disparaît dans une bouffée de réverbération, de phaser et de wah-wah. Ou alors, c’est la folie des percussions. « Bailecito de MORD » est probablement mon morceau préféré de cet album, mais honnêtement, si vous cherchez de la cumbia psychédélique, c’est le labum qu’il vous faut. Même avec leurs autres albums, Empanadas Illegales n’a jamais été un groupe qui joue la carte de la sécurité, mais ici ils se penchent pleinement sur l’absurde, créant un album qui semble avoir été fait sous l’influence de piments fermentés et de migraines liées à des voyages dans le temps. Personnellement, j’ai hâte de les voir en concert au Festival de jazz de Montréal.