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Le 26 avril prochain, des instruments indonésiens de gamelan envahiront la Salle Claude Champagne, de la Faculté de musique de l’Université de Montréal. Depuis des décennies, en fait, on y enseigne le gamelan, une pratique orchestrale de Bali et de Java qui séduisait déjà les mélomanes occidentaux aux débuts de la modernité. Et ce concert est gratuit ! Notre collaborateur Michel Labrecque en a discuté avec un autre collaborateur de PAN M 360, Laurent Bellemare, que l’on connaît pour sa connaissance profonde du rock métal, des musiques électroacoustiques, actuelles et… indonésiennes ! De surcroît, Laurent est chargé de cours dédié au gamelan et l’un des organisateurs de cette soirée.
Le gamelan est une musique très particulière et très complexe, issue de plusieurs régions de l’Indonésie. Pensez d’abord à des instruments de percussions, mais avec un aspect mélodique. Des gongs, des métallophones, des xylophones, des carillons, mais avec une structure et des rythmes très spécifiques. Le gamelan a été créé principalement à Java et Bali, il remonte à au moins deux millénaires et a fortement impressionné le compositeur français Claude Debussy à la fin du 19e siècle.
« J’ai un intérêt pour les musiques inhabituelles et j’ai découvert le gamelan à Université de Montréal, puis je suis allé étudier à Bali un an », raconte Laurent Bellemare, qui est tombé inconditionnellement amoureux de ce style musical. Il est membre depuis dix ans de L’ensemble Giri Kedaton, un orchestre en résidence à l’université de Montréal, signifie « montagne royale » en langue indonésienne.
Laurent est également chargé de cours pour les ateliers de musique gamelan, qui rassemblent des musiciens curieux de ce style, à titre d’un cours par session. « Souvent mes étudiants viennent du classique ou du jazz, ils sont curieux de découvrir ce genre, qui défie bien des conventions musicales ».
Mais comment donc l’Université de Montréal s’est-elle intéressée au gamelan? Tout commence avec l’Exposition universelle de Vancouver de 1986 : l’Indonésie offre alors des instruments traditionnels au Canada, dans une forme de diplomatie culturelle destinée à mettre en valeur la culture du pays. L’Université de Montréal et l’Université Simon Fraser de Vancouver en sont les principales bénéficiaires. Les deux institutions obtiennent des instruments différents.
Laurent Bellemare peut vous parler de cela pendant des heures. Il a fait sa thèse de maîtrise sur ce sujet. « C’est le regretté compositeur et professeur José Evangelista qui s’est intéressé à ce style musical et qui a fait en sorte que l’Université de Montréal reçoive son lot d’instruments ».
À quoi aurons-nous droit lors du concert de ce samedi 26 avril? « Ce sera un mélange de pièces apprises par mes étudiants et de celles de l’Orchestre Giri Kedaton, sans oublier la danse, qui est une composante essentielle du gamelan », nous dit Laurent Bellemare. « Vous aurez droit à un festival de rythmes flamboyants, parfois beaucoup plus lents, en plus de danse avec des masques et beaucoup de couleurs ».
Il faut noter que, parmi les artistes, on retrouve un mélange d’Indonésiens expatriés chez nous et de Québécois passionnés par le style. « Il y a des gens comme la chorégraphe et danseuse Komang Swijani qui se sont reconnectés à leur culture d’origine grâce à nos activités », raconte Laurent.
Le 26 avril, à 19h30, nous entendrons autant des pièces traditionnelles datant de 1925 ou 1950 qu’à une composition contemporaine du montréalais Olivier Schoeser.
Malgré ses traditions millénaires, le gamelan n’arrête pas de se transformer. « Il y a un attachement aux traditions, mais vous trouverez aussi des musiciens actuels ont une approche contemporaine radicale », nous dit Laurent Bellemare, qui mentionne qu’un de ses amis compositeur marie le gamelan à l’électronique. Pourquoi pas?
Ce samedi 26 avril, à la Salle Claude Champagne, ce sera une chouette occasion de s’initier ou de se rebrancher au gamelan, cette musique unique qui figure au patrimoine culturel de l’Unesco.