C’est d’abord Lucibela qui ouvre le bal, après un premier morceau uniquement instrumental, magnifiquement orchestré par sept musiciens au total : deux cuivres, un cavaquinho, une basse, une guitare, une batterie et le directeur musical au piano. D’habitude, les solos arrivent un peu plus tard dans la soirée mais cette fois-ci, nous avons eu droit à des solos de saxophones et trompettes dès le début du concert.
Avec un français passable, elle s’adresse à la foule : « Ça fait plaisir d’être ici. Le Cap-Vert est connu grâce à Césaria », ajoute-t-elle, avant d’enchainer avec Areia de salamanza, qu’elle a interprété avec une maitrise sans pareil. Sa voix est celle qui se rapproche le plus de celle de Césaria Evora, à mon avis. Avec quelques pas de danse, elle semblait flotter dans sa robe orange.
Le spectacle mêlait des classiques incontournables avec des morceaux moins connus de la diva aux pieds nus.
La star parmi les musiciens ce soir-là était sans aucun doute le saxophoniste. Même lors des morceaux sur lesquels il ne jouait pas, il est resté sur scène pour faire des pas de danse, contrairement au trompettiste qui partait et revenait. Et lorsqu’ il jouait, il transportait l’audience avec lui, les applaudissements en témoignaient.
Le classique Besamo Mucho était particulièrement le moment fort de la prestation de Lucibela, qui a fait chanter le public, avant de laisser la place à Ceuzany.
« Je suis très contente de chanter pour vous », dit-elle dans un français bancal. « Merci Césaria ! »
Tout comme Lucibela, sa première chanson était douce, faisant ressortir la profondeur de sa voix, et par la suite, c’était place à la fête. Elle enlève d’ailleurs ses chaussures à talons et se met à danser pieds nus, un petit clin d’œil à la diva ?
Après Sodade, qui a enchanté le public, elle poursuit avec Amor Y Mar, sans les cuivres cette fois-ci. Ces derniers reviennent pour la dernière chanson de Ceuzany, qui pousse la voix un peu comme les chanteuses de soul américaines.
Brève entracte et c’est reparti avec tout d’abord Teófilo Chantre, qui a écrit plusieurs des chansons de Césaria Evora. Avec un français impeccable, il s’adresse à la foule entre Fatalidade et Mãe Carinhosa.
Il poursuite avec Voz de Amor et invite ensuite la foule à danser, ce qu’elle fait timidement, mais plus la soirée avançait, plus les spectateurs se décoinçaient.
En effet, ils se sont complètement lâchés lorsque Elida Almeida, qui était la dernière à performer, a défié l’audience : « C’est comme ça que vous dansez chez vous ? », demande-t-elle en s’adressant à la foule. « Bon, vous avez une autre opportunité », ajoute-t-elle et il n’en fallait pas plus pour que le théâtre au complet se mette debout et montre ce dont il était capable.
Rendant hommage au style de musique le plus connu du Cap-Vert, le morna, elle a transporté la salle avec sa voix unique et particulière. Chacune des chanteuses nous a offert des morceaux mélancoliques et festifs, parfois passant de l’un à l’autre presque sans transition.
Alors que c’est le dernier spectacle de la tournée, Elida a mis le feu, elle a fait chanter le public avec Sodade, mais cette fois avec tous les artistes qui l’ont rejoint sur scène, prenant le temps de remercier tous les musiciens, avant de terminer avec d’autres classiques.
Seul hic de la soirée : la chanson E Doce Morrer No Mar manquait à l’appel. Il est vrai que ce morceau est de l’artiste brésilien Dorival Caymmi mais Césaria l’avait tout de même popularisé. Je l’attendais toute la soirée et je suis rentrée bredouille. Mais bon, ce n’est qu’un détail. Je continuerai de la chanter dans mes spectacles, comme je le fais depuis 5 ans.
Crédit photo: Adam Mlynello