Coup de cœur francophone | Sluice, rock acadien de Par en Bas

Entrevue réalisée par Alain Brunet
Genres et styles : Chanson francophone / garage punk / power-pop

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Trevor Murphy a un nom anglophone de par sa famille paternelle d’origine irlandaise, mais il est Acadien de longue lignée du côté de sa mère (une Surette) et parle la langue typique des Maritimes francophones. Le musicien est à la barre de Sluice, un groupe power pop aux inclinations garage et punk, dont l’objet essentiel est d’adapter et d’actualiser des archives acadiennes dans un répertoire de chansons originales.

Ainsi, l’album Archiviste nous en apprend sur l’histoire acadienne de la Nouvelle-Écosse. Les chansons ont été conçues dans le contexte de résidences de recherche au Argyle Township Court House and Archives à Tusket, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse. Venu ce dernier week-end au Coup de cœur francophone, soit samedi à L’Esco, Trevor Murphy nous fournit plus de précisions sur la démarche de Sluice.

PAN M 360 : Comment avez-vous construit ce répertoire à partir des archives consultées?

Trevor Murphy :  En fait, toutes des chansons originales ont été creusées à travers mes recherches d’archives. Je me retrouvais donc chaque matin dans une grande bibliothèque, j’y lisais des livres, j’y creusais dans des vieux journaux, j’y découvrais d’immenses collectes de données sur le patrimoine de la région. 

PAN M 360 : Que vouliez-vous faire avec ces recherches?

Trevor Murphy : Je n’avais pas un grand plan de recherche mais je trouvais toujours des choses qui m’inspirent. Après avoir passé une partie de la journée dans les archives, je m’installais dans mon petit home studio et j’écrivais des chansons inspirées par ces informations trouvées dans les archives. 

PAN M 360 : Et donc, il n’y avait rien de particulier à faire ressortir de ces recherches.

Trevor Murphy : L’important pour moi, c’était de découvrir des histoires de la région, dont plusieurs que je ne connaissais pas. J’ai réalisé que c’est une région historiquement très riche, il y a des gens venus d’Europe qui habitent là depuis les années 1600. En tant qu’Acadien ayant grandi dans la région, on ne m’a pas trop transmis ces informations. J’imagine que les anciens se diraient « Si j’étais plus jeune, est-ce que ça m’intéresserait ? » Alors je crois qu’il faut s’occuper de l’identité acadienne et s’adresser aux plus jeunes, soit en mélangeant ces informations avec la musique d’aujourd’hui.

PAN M 360 : Histoires privées? Histoires publiques?

Trevor Murphy : En gros, je cherchais des histoires assez intéressantes pour me permettre d’être créatif en en faisant des chansons.  On ne connaît pas grand-chose des Acadiens de Nouvelle-Écosse, on connaît mieux ce qui s’est passé au Nouveau Brunswick.  Pourtant, il y a une grande histoire des Acadiens de Nouvelle Écosse, ma région est d’ailleurs la plus ancienne de toutes les régions acadiennes  en Amérique.  Après la déportation des Acadiens et même durant la déportation des Acadiens, il y avait des gens qui sont restés là, qui se sont échappés de la déportation. Aussi, ma région est l’un des seuls territoires de Nouvelle-Écosse où les Acadiens ont pu revenir, des communautés acadiennes dispersées partout dans le sud-ouest de la province ont pu exister après la déportation.  Ces histoires inconnues de ces gens, j’en ai fait des chansons pour notre band.

PAN M 360 : Des exemples ?

 
Trevor Murphy :  Il y a Madeleine, l’histoire d’une femme ayant deux fois échappé à la déportation dans la région en se cachant dans les bois. Puis elle a fait la rencontre de navigateurs français dans la vallée d’Annapolis. Elle s’est embarquée avec eux, elle a marié le fils du capitaine et s’est établie en France avec lui. C’était un bel exemple pour moi, car on en apprend plus  sur la déportation. Vraiment cool d’en avoir fait une chanson.

Autre exemple, il y a une chanson en anglais sur l’album qui s’appelle American Lights, qui est à propos de la municipalité de Tusket, une place vibrante, importante dans le développement de l’économie régionale où vit un mix d’anglophones et de francophones. On a aussi une chanson qui s’appelle La sorcière de la Pointe-du-Sault, qui s’inspire d’une légende. Agis comme du monde, le premier extrait de l’album, n’est pas  basée sur un fait historique, mais ça utilise beaucoup de termes acadiens vraiment distincts dans la région de Par en Bas.   

PAN M 360 : Autrement dit, une des idées principales, était de démontrer que le Sud-Ouest de la Nouvelle-Écosse est le plus vieux bassin acadien dans les Maritimes, c’est ça ?

Trevor Murphy : En partie, oui. Pour les gens qui ne sont pas de cette région, je voulais mettre ça en lumière, oui, certainement. Mais pour les gens qui sont de cette région, il y a aussi des histoires incroyables à partager.  

PAN M 360 :  Votre mère (nom de famille Surette) est acadienne, votre père est d’origine irlandaise, ça ne peut pas être plus Maritimes que ça!

Trevor Murphy : Exact! Même du côté de mon père, il y a des liens avec les Acadiens. Et je pense qu’avec ce groupe et la plateforme qu’on développe, on a la chance de partager ces histoires pour souligner d’où on vient et quelle est notre identité.

PAN M 360 : Qui joue dans votre band en ce moment?

Trevor Murphy :  C’est plutôt moi qui écris les chansons, mais j’ai travaillé

en étroite collaboration avec le guitariste Aaron Wallace, qui vient de Wedgeport, aussi dans la région Par en Bas d’où je viens, soit Sainte-Anne-du-Ruisseau – sud-ouest de la Nouvelle Écosse. Ça fait plus de 20 ans qu’on joue ensemble dans divers groupes, soit depuis l’école secondaire. Puis on a tous deux déménagé à Halifax où nous sommes toujours. En tant que musiciens, nous avons tourné partout au Canada.

PAN M 360 : Il est aussi intéressant que vous soyez très rock dans cette démarche. Le rock de Par en Bas !

Trevor : Oui, Sluice, c’est aussi un coup de poing rock. Et pour un musicien acadien, c’est de garder l’accent et ne pas faire de compromis sur notre accent. C’est très important pour nous de conserver l’authenticité de notre culture avec toutes ses sonorités.

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