La directrice artistique (et fondatrice) de la Fête de la Musique de Tremblant, Angèle Dubeau, est fidèle à ses valeurs : elle soutient avec conviction la pratique de la musique chez les jeunes. Celle qui a animé l’émission Faites vos gammes de 1994 à 1998 sur les ondes de Radio-Canada a de nouveau offert une heure et demie de visibilité à quelques étudiants du Conservatoire de Montréal, et ce sur la grande scène principale de l’événement (la scène Québecor). Devant un public nombreux et admiratifs, nous avons entendu se succéder dans le froid de Tremblant (12 degrés… Pauvres doigts!) Chloé Dumoulin (piano solo et accompagnatrice des autres instrumentistes), Iza Kamnitzer (violon), Kaïla Stephanos (flûte), Juliette Bégin (trompette), Natasha Henry (soprano), Flavie Lacoste (hautbois) et Zhan Hong Xiao (piano solo). Quelques coups de coeur spontanés : la plus petite du groupe, la violoniste Iza Kamnitzer, qui du haut de ses 9 ans (et à peine plus que trois pommes) a joué de solides envolées de Kreisler et de belles subtilités de Dvorak; la soprano Natasha Henry qui m’a semblé la plus peaufinée de l’ensemble en terme de finition et de netteté technique (très belle diction française dans un air de Manon de Massenet!) et Zhan Hong Xiao, élève de Richard Raymond qui s’apprête à affronter le Concours Chopin en 2025. Il a certainement le talent et la maturité pour peut-être revenir avec un prix, comme l’a fait Charles Richard-Hamelin en 2015.
Scène Québecor - Fête de la Musique de Tremblant
Fête de la musique de Tremblant 2024 | Mélisande McNabney et les femmes de Versailles
Dernière journée de la Fête de la Musique de Tremblant (en vérité, demie journée), ce lundi 2 septembre 2024 voyait la grande scène Québecor du festival donner toute la place à un instrument parmi les plus délicats qui soient : le clavecin. Une délicatesse mise à l’épreuve par la température : il faisait frette en titi! Un petit 8 degrés le matin, à peine 12 à midi, au moment du concert. Il s’est finalement très bien tenu, l’instrument. C’est peut-être parce que la claveciniste, Mélisande McNabney, le connaît si bien et qu’elle peut le rassurer de sa touche précise. Mélisande a offert une prestation de haute tenue, malgré les circonstances (on devine que les doigts gelés doivent bouger moins vite), et accentuée par des belles présentations qui nous ont raconté certaines histoires de femmes musiciennes à la Cour de Versailles. Une heure de clavecin sérieux mais archi sympathique (l’animation souriante de Mélisande aidant grandement) qui a certainement beaucoup fait pour démocratiser cet instrument auprès d’un public nombreux. Levons donc notre chapeau à l’organisation de la Fête de la Musique qui a osé faire fi des préjugés (instrument difficile d’approche, répertoire aride, etc.) en offrant une tribune publique au mal-aimé de la famille des claviers.
Fête de la musique de Tremblant 2024 | Musiques de mère en filles
Le deuxième et dernier grand spectacle de la Fête de la Musique de Tremblant 2024 était assuré par la sororité artistique de Natalie Choquette (maman), Florence K et Éléonore Lagacé (filles). Cette réunion peu fréquente (du moins en public) a donné lieu à des croisements stylistiques inattendus, parfois même surprenants. Je ne connaissais pas la qualité de mezzo lyrique d’Éléonore Lagacé. Elle a démontré un sens opératique très adéquat dans Carmen et dans le duo des fleurs de Lakmé, avec maman. Parfois en solo, en duo ou en trio, on est passé du jazz au latin, au pop puis au classique avant de revenir à l’un ou l’autre dans des collisions qui mettaient de l’avant la complicité entre les dames, plutôt que la perfection technique, occasionnellement échappée. Le large public n’en a pas pris ombrage car c’est plutôt la relation entre les trois artistes qu’il était venu goûter. En ce sens, et à bonne dose de cabotinage, mère et filles ont comblé les attentes avec certains moments touchants.
Fête de la musique de Tremblant 2024 | Waahli, maître de scène
Bien que le spectacle de Waahli sur la grande scène de La Fête de la Musique de Tremblant ait été présenté comme du Hip Hop, la véritable essence musicale waahlienne serait plutôt de l’ordre du groove-soul haïtien teinté de Hip Hop (entre autres). Telle est la nature de la riche et large palette sonore déployée par le Montréalais d’origine haïtienne. Dans ce groove brûlant mais souriant, on retrouve aussi bien le Funk, le Reggae, le Konpa que, oui, le Hip Hop, avec un supplément d’âme de Twoubadou classique et un peu de Jazz. À cette richesse stylistique, Waahli (et ses musiciens : James Challenger, Ryan Nadin, Shayne Assouline, Evan Shay et Theo Abellard) additionne sa dose de présence scénique qui en impose avec respect et authenticité, et aussi une attitude à bonne distance des clichés du Hip Hop violent et machiste. Waahli plaît à tout le monde, et la grande place ‘’en haut de la côte’’ de Tremblant était bien garnie de jeunes qui dansaient sur les beats appuyés et de têtes grises qui balançaient les bras sur les indications du chanteur. Tremblant était la dernière étape d’une tournée québécoise et ont donc résonné pour la dernière fois de la version actuelle les titres Sundance, Men sou yo, Mal du pays, Teke fren et plein d’autres. Angèle Dubeau répète que c’est la Fête de ‘’toutes les musiques’’. Preuve à l’appui.
Fête de la musique de Tremblant 2024 | La chaleur et l’élégance du grand Paulo Ramos
Qui dit Paulo Ramos dit élégance, classe, force tranquille, douceur chaleureuse… et impeccable musique brésilienne, bien sûr. La directrice artistique de la Fête de la Musique de Tremblant, Angèle Dubeau, avait donné au vétéran guitariste et chanteur la tâche d’apporter la chaleur et le soleil de son pays natal pour le premier des deux grands spectacles de l’édition 2024. Mission accomplie. Il faut dire que ce n’était pas difficile pour ce père de la musique brésilienne made in Québec. Le monsieur a du métier, et beaucoup d’ami(e)s. Après s’être lancé par lui-même, mais accompagné de son fidèle quintette formé de Sacha Daoud, Daniel Bellegarde, Dan Gigon, John Sadowy et Rodrigo Simoes, Paulo a invité plusieurs habitués de ses concerts, dont l’excellente Bia. Celle-ci a offert quelques chansons, dont un Chega de Saudade bellement modifié et ‘’pimpée’’, en plus d’oser quelques pas de capoeira! Toujours la belle forme pour la belle québéco-brésilienne! Le guitariste et chanteur Rommel Ribeiro, la chanteuse winnipégoise Annick Brémaud et deux danseuses, ont ajouté la couche voulue pour faire de cette soirée brésilienne un succès public incontestable.
Fête de la musique de Tremblant 2024 | Hispanité et flamenco rayonnant avec Les Rugissants
L’ensemble vocal Les Rugissants, dirigé par Xavier Brossard-Ménard, a offert une belle heure de chant choral étoffé ce samedi après-midi à la Fête de la Musique de Tremblant 2024. Une dizaine de chanteurs de haut niveau, accompagnés par un guitariste et une danseuse flamenco, tous dirigés par la battue énergique, communicatrice, de Brossard-Ménard, ont transporté les spectateurs de la grande place de Tremblant dans univers vocal hispanique éloigné des clichés faciles. Que ce soit grâce à des compositeurs espagnols ou étrangers, mais habités par la magie de ce pays, les artistes n’ont pas hésité à offrir des œuvres d’un niveau de ‘’sérieux’’ et d’exigence harmonique quelque peu plus avancés que dans les autres spectacles à l’affiche. Il faut saluer la démarche. Cela dit, il aurait fallu être de bien mauvaise foi pour rechigner. Le programme construit par Brossard-Ménard était bien choisi en fonction de son expression de couleurs facilement identifiables à la péninsule ibérique, malgré quelques passages tonalement modernes. Une prestation de grande qualité et appuyée sur un raffinement qui témoigne d’une très belle intégrité artistique.
Crédit : Maryse Tapp/Fête de la Musique de Tremblant
Fête de la musique de Tremblant 2024 | Ensemble Caprice : drôle et festif
Le petit crachin qui sévissait depuis la matinée venait tout juste de se terminer quand l’ensemble Caprice a commencé à jouer sur la scène Québecor de la Fête de la Musique de Tremblant. Le soleil n’était pas au rendez-vous, loin s’en faut, mais c’était déjà plus agréable, surtout que l’ensemble montréalais avait apporté de la lumière dans ses bagages. Et même deux fois plutôt qu’une. Il y avait d’abord la présence du directeur Mathias Maute, qui a offert une animation rigolote. Je savais Maute sympathique, mais je ne me rappelais pas qu’il pouvait être aussi drôle avec le public. Peut-être n’avais-je pas porté assez attention… Les propos du chef avait surtout l’avantage d’appuyer un programme pétillant, consacré à Vivaldi et aux ‘’nomades’’ d’Europe baroque. Ainsi, des concertos vivaldiens virevoltants à souhait côtoyaient avec bonheur des œuvres anonymes et de compositeurs méconnus, aux accents fortement folkloriques de divers coins du continent, particulièrement de l’Est. Je me permets de souligner la qualité sonore offerte par les techniciens de sons du festival. Le classique souffre de la performance à l’extérieur et l’amplification n’est souvent pas à la hauteur. Ce que j’ai entendu hier était d’une qualité qu’on aurait remarquée pour l’OSM ou l’OM, par exemple. Très bon point pour l’organisation.