classique / électroacoustique / jazz / musique du monde / traditionnel

28e Gala des prix Opus | 32 trophées pour l’écosystème des concerts

par Judith Hamel

Ce dimanche 2 février, toute la communauté de la musique québécoise de concert s’est réunie à la salle Bourgie pour souligner les points culminants de la saison 2023-2024. Présenté à la Salle Bourgie par le Conseil québécois de la musique et retransmis (CMQ) sur sa page FB ainsi que sur PAN M 360, ce 28e Gala des prix Opus a été, pour une quatrième année consécutive, animé par l’enthousiaste Jocelyn Lebeau. Au total 32 prix ont été remis lors d’une cérémonie ponctuée de blocs d’entrevue avec les lauréat·es, favorisant des échanges dynamiques sur leurs projets respectifs. 

Le Prix Hommage de cette année a été remis à Michel Levasseur pour célébrer ses 40 ans à la tête du Festival international de musique actuelle de Victoriaville (FIMAV) . Figure incontournable et bâtisseur du milieu de la musique expérimentale et de l’improvisation, cet hommage était un moment pour mettre en lumière son travail acharné qui a grandement contribué au rayonnement du milieu musical québécois.

Les témoignages vidéo des musiciens Jean Derome et René Lussier, des fidèles du FIMAV, ont été parmi les moments marquants de la soirée. L’hommage s’est conclu en soulignant l’importance du soutien de son entourage tout au long de sa carrière alors que le public a offert une ovation à sa famille, ses proches et ses partenaires.

Le filon musical de la soirée était assuré par l’ensemble de guitares Forestare et ses 13 interprètes, qui nous ont transportés d’Une petite musique de nuit d’été de Denis Gougeon jusqu’à Bach, avec le troisième mouvement du Concerto brandebourgeois no 3 en sol majeur en clôture du gala. Son chef, Pascal Germain Berardi, a aussi remporté un Opus de l’Événement musical de l’année, qui s’est tenu au FIMAV, dans les Bois-Francs : Basileus, oratorio en 4 actes réunissant sous sa direction les ensembles Horizon (cuivres), Forestare (guitares), Sixtrum (percussions) et le Growlers Choir (voix typiques du métal).

La musique traditionnelle québécoise était à l’honneur cette année avec une prestation marquante assurée par trois duos de musique traditionnelle québécoise. D’abord, Cédric Dind-Lavoie et Dâvi Simard ont interprété Tenant mon frère d’Alphonse Morneau de l’album Archives, lauréat du prix Concert traditionnel québécois de l’année. Un projet où des enregistrements des chansonniers d’antans renaissent et sont sublimés par une mise en musique ambiante. Un album à découvrir absolument.  Puis, Nicolas Boulerice et Frédéric Samson nous ont livré Trois beaux garçons, avant qu’Alexis Chartrand, au violon et à la podorythmie, n ‘insuffle toute son énergie dans Le Cyclone d’Isidore Soucy, porté par l’accompagnement de Nicolas Babineau à la guitare.

Dans le continuité de cette résonance de cordes, les guitaristes Adam Cicchillitti et Stevan Cowan ont interprété un très bel arrangement de la Sonate pour harpe de Germaine Tailleferre, avec les deux guitares en symbioses, arrangement sublimé par une sonorisation soignée. 

Parmi les doubles lauréat·es, la pianiste, compositrice et improvisatrice Marianne Trudel a été couronnée compositrice de l’année et reçoit le prix de l’album jazz de l’année pour Time Poem : La joie de l’éphémère. Revenue in extremis des Îles-de-la-Madeleine où elle donnait un concert, c’est une distinction de plus pour cette artiste à la carrière foisonnante. 

Roozbeh Tabandeh, artiste interdisciplinaire nourri des traditions musicales iraniennes et occidentales, s’est aussi distingué en remportant les prix Inclusion et diversité et Découverte de l’année. 

L’ensemble à cordes montréalais collectif9, dirigé par Thibault Bertin-Maghit, est reparti avec les prix Direction Artistique et Interprète de l’année. 

I Musici, encore cette année, s’est distingué en remportant les prix Création de l’année avec Spassiba Yuli de Denis Gougeon ainsi qu’Album  de l’année – Musique du monde pour sa participation à Continuum avec l’artiste turque Didem Basar sous l’étiquette du Centre des musiciens du monde. 

L’Orchestre Métropolitain, par ailleurs, est parti avec deux Opus pour sa production de Aida en clôture de saison ainsi que pour la Symphonie Leningrad

En début de matinée, l’Opus du  Concert de l’année – Musiques médiévale, de la Renaissance, baroque a été remporté par  Arion Orchestre Baroque, pour Aci, Galatea e Polifemo, sous la direction du chef invité Francesco Corti, sans compter la soprano  Kateryna Kasper, la contralto Margherita Maria Sala, la basse Lisandro Abadie.

Finalement, le format d’entrevue a ouvert la porte à des discussions intéressantes. Marianne Trudel et la compositrice et improvisatrice Joane Hétu, entre autres, ont évoqué avec émotion l’apport des sonorisateurs Rob Heaney et Bernard Grenon dans la genèse de leurs œuvres. Tous deux décédés subitement au cours des dernières années, ils ont laissé derrière eux une trace indélébile dans le milieu musical québécois. Leur départ prématuré, comme ceux de tant d’autres artisans de l’ombre, nous a rappelé la chance qu’on a d’être là et de faire de l’art, a souligné Marianne Trudel. 

Bravo à tous les finalistes et les lauréat·es. 

Je vous invite à consulter les autres contenus de PAN M 360 sur les prix Opus.

Voici la liste des lauréat·es de la saison 2023-2024 : 

Concerts

Concert de l’année – Musiques médiévale, de la Renaissance, baroque

Aci, Galatea e Polifemo, Arion Orchestre Baroque, Francesco Corti, chef invité, Kateryna Kasper, soprano, Margherita Maria Sala, contralto, Lisandro Abadie, basse, 12 au 14 janvier 2024

Concert de l’année – Musiques classique, romantique, postromantique 

Aida en clôture de saison, Orchestre Métropolitain, Yannick Nézet-Séguin, chef, Angel Blue, Sarah Dufresne, sopranos, Matthew Cairns, SeokJong Baek, ténors, Ambrogio Maestri, baryton, Alexandros Stavrakakis, Morris Robinson, basses, Choeur Métropolitain, Festival de Lanaudière, 4 août 2024 

Concert de l’année – Musiques moderne, contemporaine

Deux, Quatuor Molinari, 16 février 2024 

Concert de l’année – Musiques actuelle, électroacoustique 

Monnomest, Ensemble SuperMusique, Joane Hétu, cheffe, Vergil Sharkya, chef, Productions SuperMusique, codiffusion Groupe Le Vivier, 23 novembre 2023 

Concert de l’année – Musiques jazz, accompagné d’un montant de 5 000$ en carte-cadeau offert par Instruments de musique Long & McQuade. 

Sport national, Hugo Blouin, 28 septembre 2023

Concert de l’année – Musiques du monde 

Continuum, Didem Başar, kanun, Patrick Graham, percussion, Etienne Lafrance, contrebasse, Quatuor Andara, Centre des musiciens du monde, 13 février 2024

Concert de l’année – Musiques traditionnelles québécoises 

ARCHIVES, Cédric Dind-Lavoie, multi-instrumentiste, Alexis Chartrand et/ou Dâvi Simard, violons, 15 et 19 novembre, 10 et 16 décembre 2023

Concert de l’année – Répertoires multiples 

La Symphonie Leningrad, Orchestre Métropolitain, Yannick Nézet-Séguin, chef, Maria Dueñas, violon, 18 novembre 2023

Concert de l’année – Impulsions anciennes, classiques, romantiques, modernes, postmodernes 

Fabula femina, Cordâme, 10 août 2024

Création de l’année 

Spassiba Yuli, pour 2 violoncelles et cordes, Denis Gougeon, L’héritage de Yuli: Stéphane Tétreault et Bryan Cheng, I Musici de Montréal, 25 avril 2024

Production de l’année – Jeune public, accompagné d’un montant de 5000$ offert par le ministère de la Culture et des Communications 

J’m’en viens chez vous!, Bon Débarras, 11 février 2024

Albums

Album de l’année – Musiques médiévales, de la Renaissance, baroque 

Calcutta 1789 : À la croisée de l’Europe et de l’Inde, Christopher Palameta, Notturna, ATMA Classique

Album de l’année – Musiques classique, romantique, postromantique 

16 Histoires de guitares – Vol. III, David Jacques, ATMA Classique

Album de l’année – Musiques moderne, contemporaine 

Confluence, David Therrien Brongo, Ravello Records

Album de l’année – Musiques actuelle, électroacoustique 

Limaçon, Léa Boudreau, empreintes DIGITALes

Album de l’année – Musiques jazz 

Marianne Trudel-Time Poem: La joie de l’éphémère, Trio Marianne Trudel, Productions Marianne Trudel, Indépendant

Album de l’année – Musiques du monde, accompagné d’un forfait d’une valeur de 5000$ en Mentorat & Conférence Mundial Montréal offert par Mundial Montréal. 

Continuum, Didem Başar, Patrick Graham, Jean-François Rivest, I Musici de Montréal, Centre des musiciens du monde

Album de l’année – Musiques traditionnelles québécoises 

Layon, Nicolas Pellerin et Les Grands Hurleurs, La Compagnie du Nord

Album de l’année – Impulsions anciennes, classiques, romantiques, modernes, postmodernes 

Cendres, Vanessa Marcoux, Indépendant

Écrit

Article de l’année 

« Du son vers la forme, le sens… l’Autre… : pensée spectrale et art engagé dans les œuvres mixtes de Serge Provost », Jimmie LeBlanc, Circuit, musiques contemporaines, 1er mai 2024

Prix spéciaux 

Prix Opus Montréal – Inclusion et diversité, accompagné d’un montant de 10 000$ offert par le Conseil des arts de Montréal. 

Roozbeh Tabandeh, Ensemble Paramirabo et Chants Libres, Songs of the Drowning, 24 août 2024

Prix Opus Québec 

Festival Québec Jazz en Juin, 20 au 30 Juin 2024

Prix Opus Régions 

Festival Ripon trad, 14 au 17 septembre 2023

Compositrice de l’année, accompagné d’un montant de 10 000$ offert par le Conseil des arts et des lettres du Québec. 

Marianne Trudel

Découverte de l’année, accompagné d’une production d’une capsule vidéo offerte par La Fabrique culturelle de Télé-Québec. 

Roozbeh Tabandeh, compositeur

Diffuseur pluridisciplinaire de l’année 

Salle Pauline-Julien

Diffuseur spécialisé de l’année 

Domaine Forget de Charlevoix

Directeur artistique de l’année 

Thibault Bertin-Maghit, collectif9

baroque / classique occidental

Arion Orchestre Baroque | Une soirée musicale bien caféinée

par Alexandre Villemaire

Pour son premier concert de l’année 2025, Arion Orchestre Baroque recevait deux musiciens dont la venue était attendue depuis cinq ans, contexte pandémique oblige. Le programme de concert était donc porté par le violoniste Pablo Valetti et la claveciniste Céline Frisch, cofondateurs et directeurs artistiques de l’ensemble Café Zimmerman. La dernière présence de l’ensemble lui-même au Canada remonte à 2015, mais c’est la première fois que Céline Frisch et Pablo Valetti se joignent à l’effectif d’Arion pour en présider la destinée le temps d’un programme de concert.

Le nom de l’ensemble fait référence à l’établissement éponyme de Gottfried Zimmermann à Leipzig, un lieu où on ne fumait pas que la pipe et buvait du café – boisson exotique très en vogue à l’époque – mais aussi un endroit de rassemblement où les étudiants, les marchands et les membres de la bourgeoisie venaient discuter et débattre dans un environnement où « l’expérimentation musicale et l’échange intellectuel jouaient un […] rôle de premier plan ». C’est sur ces aspects que le programme de la soirée était clairement constitué, avec une première partie dédiée à la musique de J. S. Bach, Johann Friedrich Fasch et Georg Philipp Telemann, clairement campée dans l’univers sonore baroque, et une deuxième aux deux fils de Bach, Wilhelm et Carl Philipp Emmanuel, plus expérimentale et préfigurant l’esthétique de la période classique.

« L’Ouverture » tirée de la Suite en ré mineur de Fasch a offert une belle entrée en matière, avec un thème royal majestueux porté avec son affirmé, plein boisé par les musiciens d’Arion. Le jeu de Mathieu Lussier, directeur musical et artistique de l’ensemble, qui a tronqué ses habits de chef pour revêtir le temps d’un concert celui d’instrumentiste, s’est illustré dans le Concerto pour basson en do majeur de Fasch. C’est une œuvre aux dynamiques variées avec des lignes musicales actives dans lesquelles le basson est en constantes activités. Le deuxième mouvement offre un changement de caractère, passant d’un univers sonore sautillant et lumineux à un monde plus sombre et langoureux avec des lignes mélodiques plus lyriques.

Sous-titré « alla Francese », le Concerto en do majeur de Telemann adopte un style pastoral, notamment dans le premier mouvement avec douceur sous forme de rondeau. Les hautboïstes Matthew Jennejohn et Karim Nasr, accompagnés au basson par Mathieu Lussier, ont été au centre de cette œuvre vivante et animée. À la fois soliste et chef de file pour les musiciens, Pablo Valletti a été d’une grande justesse dans l’interprétation du fameux Concerto pour violon en la mineurde Johann Sebastian Bach. Dans le deuxième mouvement notamment, Valetti a mis en valeur des lignes musicales soutenues où il fait chanter son instrument sans entrer dans des épanchements virtuoses superflus. Son jeu est élégant et signifiant. Le mouvement perpétuel entre les violons et la basse continue vers la fin du dernier mouvement Allegro assaiinstaure un climat transcendantal à la fois énergique et méditatif.

Après avoir exposé une trame narrative musicale virtuose et conventionnelle dans la première partie, c’est véritablement dans la deuxième partie que les velléités exploratrices des deux fils de Bach ont été exposées. La Sinfonia en fa majeur de Wilhelm Friedemann Bach surprend avec son langage harmonique trituré et ses passages chromatiques qui sonnent étranges à nos oreilles. La soirée s’est conclue avec une interprétation aérienne par Céline Frisch du Concerto pour clavecin en la majeur de CPE Bach, dont les deuxième et troisième mouvements étaient particulièrement inventifs avec des effets respectivement planant et endiablé. En mettant comme trame programmatique les soirées musicales et intellectuellement effervescentes du XVIIIe siècle à Leipzig, Arion et ses invités du Café Zimmermann ont fait une part belle aux œuvres musicales de cette époque. Si nous avions une critique à faire sur cet aspect, c’est que la portion « expérimentale » aurait pu être plus garnie, ou à tout le moins semblable à la première portion du concert pour mettre encore plus en évidence les différences stylistiques et les arômes musicaux des différentes œuvres

crédit photo: Annie Éthier

baroque / classique occidental

Un Noël baroque avec Arion | Quand la vielle à roue réveille l’esprit des fêtes

par Judith Hamel

Dimanche après-midi, l’orchestre baroque Arion se produisait devant une salle bien remplie à la salle Bourgie, proposant un programme consacré aux Noëls français, suisses et allemands. Dans une instrumentation mêlant cordes, clavecin, théorbe et basson, trois solistes — à la flûte, au hautbois et à la vielle à roue — sont venus enrichir ce concert où se succédaient des airs de Noëls baroques, tantôt bien connus, tantôt obscurs.

Le concert s’est ouvert avec l’extrait « Où s’en vont ces gais bergers » de la Simphonie des Noëls de Michel-Richard Delalande, un choix d’air familier qui a donné un ton enjoué au concert. 

Mathieu Lussier a ensuite présenté la première soliste, Tobie Miller, une joueuse de vielle à roue virtuose réputée. Alors qu’il l’annonçait, c’est plutôt le flûtiste Vincent Lauzer qui est entré en scène, déclenchant un rire franc du public. Ce moment léger a été suivi par le Concerto n4 « Noëls suisses » de Michel Corrette, une pièce pour flûte à bec et ensemble qui, dans un mélange d’espièglerie et de virtuosité, a permis à Vincent Lauzer de briller par son expressivité. 

« C’est marrant, ça sonne comme la flûte à bec, la vielle à roue », annonce Mathieu Lussier en référence à sa coquille. Cette fois, Tobie Miller entre véritablement en scène pour interpréter une œuvre de Nicolas Chédeville, le Concerto « Les Plaisirs de la Saint-Martin ». Cette pièce célèbre la Saint-Martin qui autrefois apportait des célébrations presque aussi importantes que la fête du Saint-Nicolas. Bien que l’œuvre soit de Chédeville, celui-ci aurait probablement eu des problèmes de droits d’auteur aujourd’hui puisqu’il emprunte largement ses matériaux de Vivaldi. 

Puis, le troisième soliste, Daniel Lanthier au hautbois, a offert une interprétation du Concerto a 5 con oboe obligato de Bonaventure Gilles. Son jeu habité et expressif donnait envie de se retrouver sur scène à leurs côtés. La musique semblait palpable tant l’énergie du soliste et des musicien·nes était communicative.

Avant l’entracte, l’ensemble a interprété sept airs de Noël de Charpentier, clôturant ainsi la première partie du concert. Mathieu Lussier en a profité pour inviter le public à glisser un disque d’Arion dans leurs bas de Noël cette année. Une suggestion qui donne envie d’opter pour une bande-son baroque pour les festivités de cette année !

Pendant l’entracte, des projections éducatives ont offert des informations sur l’accord des instruments baroques, sur la fabrication des instruments d’époque et sur le répertoire présenté. Un beau moyen pour contextualiser leur démarche artistique et enrichir l’expérience du public.

Au retour, Vincent Lauzer a repris la scène avec le Concerto n° 5 « Noël allemand » de Michel Corrette. Le mouvement lent captait par sa délicatesse, tandis que l’Allegro, avec ses syncopes rythmiques, apportait une touche ludique.

C’est ensuite au tour de Tobie Miller de revenir sur scène. Après nous avoir parlé un peu de l’histoire de la vielle à roue, elle interprète le Concerto « L’Hiver » de Nicolas Chédeville, une œuvre magnifique, notamment pour son Largo, qui place l’instrument soliste à découvert et qui permet d’entendre toutes les subtilités du jeu de la vielle à roue. 

Finalement, l’orchestre a interprété Les Saturnales de François Colin de Blamont, un compositeur peu joué, mais apprécié de l’ensemble. Ce morceau, tiré des Symphonies des Fêtes grecques et romaines, recréait parfaitement l’atmosphère festive de ces célébrations antiques, menant le concert vers sa conclusion. 

Avec un chapeau de Noël sur la volute de la contrebasse et sur la tête de Mathieu Lussier, le concert s’est achevé sur un rappel surprenant : Minuit Chrétien. Ce n’est pas tous les jours qu’un public chante « Peuple debout » accompagné d’une vielle à roue!

classique

Arion au Café Zimmermann – Salle Bourgie

par Rédaction PAN M 360

La musique de la famille Bach et de leur entourage rassemble autant les amateurs de musique que les interprètes. Lorsque Jean-Sébastien dirigeait au Café Zimmermann de Leipzig son désormais célèbre Collegium musicum, il avait à présenter à un public avisé mais avide de nouveautés une quantité d’œuvres impressionnante. Pour ce faire, il pouvait puiser non seulement dans sa propre production, mais aussi dans celle de ses talentueux fils, de son grand ami Telemann et de son estimé collègue Johann Friedrich Fasch. Venez vous détendre comme si vous y étiez, en savourant des œuvres orchestrales et concertantes animées par les codirecteurs de l’ensemble français Café Zimmermann, la claveciniste Céline Frisch et le violoniste Pablo Valetti.
The music of the Bach family and their entourage attracts music lovers and performers alike. When Johann Sebastian conducted his now-famous Collegium musicum at Leipzig’s Café Zimmermann, he had to present an impressive number of works to a discerning but eager audience. In doing so, he was able to draw not only on his own output, but also that of his talented sons, his great friend Telemann and his esteemed colleague Johann Friedrich Fasch. Come and relax as if you were there, enjoying orchestral and concertante works brought to life by the co-directors of the French ensemble Café Zimmermann, harpsichordist Céline Frisch and violinist Pablo Valetti.

POUR ACHETER VOTRE BILLET, C’EST ICI!

Ce contenu provient d’Arion Orchestre Baroque et est adapté par PAN M 360.

classique

OSM : Quatre violoncelles

par Rédaction PAN M 360

Laissez-vous émouvoir par l’intensité expressive d’un ensemble de violoncelles. Un quatuor de l’OSM vous propose des transcriptions et des œuvres originales du répertoire romantique français, de Chopin à Offenbach, combinant les sonorités à la fois graves et veloutées de leurs instruments.

Surrender to the expressive intensity of a cello ensemble. A quartet of cellos from the OSM performs transcriptions and original works from the French Romantic repertoire, from Chopin to Offenbach, combining the deep, velvety sounds of their instruments.

POUR ACHETER VOTRE BILLET, C’EST ICI!

Ce contenu provient de l’Orchestre symphonique de Montréal et est adapté par PAN M 360

classique

OSM : Le célèbre Quintette « La truite » de Schubert

par Rédaction PAN M 360

Le raffinement et l’humeur badine qui régnaient dans les salons viennois teintent le Quintette de Schubert, plus particulièrement le quatrième mouvement, une suite de variations sur son célèbre lied « La truite ». Contemporain de Schubert, George Onslow  a laissé une importante production de musique de chambre, truffée de petits bijoux à découvrir.  Ce concert sera l’occasion d’entendre le pianiste Godwin Friesen, lauréat du Concours OSM 2022.

The elegance and lighthearted humour of Vienna’s salons rise to the surface in Schubert’s Quintet, particularly its fourth movement, a suite of variations on the composer’s celebrated lied “The Trout.” His contemporary George Onslow’s bounteous chamber music output is a cornucopia of little gems to discover. This concert also provides an opportunity to hear pianist Godwin Friesen, winner of the 2022 OSM Competition.

POUR ACHETER VOTRE BILLET, C’EST ICI!

Ce contenu provient de l’Orchestre symphonique de Montréal et est adapté par PAN M 360

classique

OSM : Mozart et la clarinette

par Rédaction PAN M 360

C’est Mozart qui a donné ses lettres de noblesse à la clarinette en composant deux chefs-d’œuvre pour son ami et frère en franc-maçonnerie, Anton Stadler. Les chambristes de l’OSM vous les proposent aux côtés de variations de Beethoven sur un thème de La flûte enchantée. 

Mozart elevated the clarinet to an unprecedented standard with two masterpieces composed for his friend and fellow Freemason Anton Stadler. These will be performed by chamber musicians of the OSM, alongside Beethoven’s variations on a theme from The Magic Flute.

POUR ACHETER VOTRE BILLET, C’EST ICI!

Ce contenu provient de l’Orchestre symphonique de Montréal et est adapté par PAN M 360

baroque / chant lyrique

Les Violons du Roy | Émotions et plaisir avec une voix tranchante pour Bach

par Alexandre Villemaire

Le public a remplit la salle Bourgie le vendredi 11 octobre pour venir assister au concert des Violons du Roy, le premier de la saison 2024-2025 de l’ensemble dans la métropole qui marque le début des célébrations de son 40e anniversaire.

Dans leur discours d’introduction, tant Caroline Louis qu’Olivier Godin, les dirigeants de la salle Bourgie ont souligné l’apport important de l’ensemble et rappelé le long partenariat qui unit la salle et les Violons du Roy, notamment par l’interprétation de l’intégrale des cantates de Bach, qui a occupé leur programmation respective durant les huit dernières années et fait vivre des moments musicaux d’une grande intensité. Le programme de la soirée y faisait d’ailleurs un petit clin d’œil. Bernard Labadie, fondateur et directeur musical de l’orchestre de chambre de 1984 à 2014, s’est également adressé au public pour souligner cette grande aventure folle et ce « petit miracle » que sont les Violons du Roy. Le chef a également remercié une des membres fondatrices, la violoniste Nicole Trotier, qui prenait sa retraite après ce concert qui se conclura par une autre interprétation au Palais Montcalm le 12 octobre. La table était donc mise pour une soirée riche en émotion et en plaisir. Et c’est exactement dans cet esprit que les musiciens des Violons du Roy ont donné ce concert. 

Divisée en deux parties, chacune était introduite par un concerto grosso de Händel. Exécutées avec énergie et vivacité, ces interprétations d’œuvres instrumentales concertantes, en plus de démontrer le jeu des musiciens et la palette de couleur sonore de l’orchestre, ont servi de préludes aux deux cantates pour alto de Bach qui mettaient en vedette le contre-ténor britannique Hugh Cutting. Ancien élève du St. John’s College de Cambridge, le jeune artiste lyrique est le premier contre-ténor à remporter le prix Kathleen Ferrier (2021) et à obtenir le titre d’artiste de la nouvelle génération de la BBC (2022 à 2024). Un des défis d’une voix comme celle de Cutting réside dans la projection et on peut dire qu’à ce niveau, le jeune chanteur s’illustre particulièrement avec une grande puissance vocale, contrôlée et qui vient compléter l’amplitude du son de l’orchestre. Il s’illustre notamment par la clarté de ses exécutions. Sa prononciation allemande est précise et le discours, tant musical que textuel, qu’il tresse est limpide. Son agilité vocale a été mise de l’avant dans le deuxième aria de la cantate Geist und Seele wird verwirret [L’esprit et l’âme sont confondus]. L’air “Gotte hat alles wohlgemacht” [Dieu a tout fait parfaitement] propose un dialogue entre l’orgue et la voix, soutenu par le continuo. La ligne vocale rivalise avec des vocalises de haut vol que Cutting livre avec une performance sentie et admirable, mais où l’on sentait parfois qu’il arrivait à la fin de ses phrases légèrement au bout de son air, donnant l’impression que la phrase est incomplète et éclipsant les finales de certains mots. La projection des surtitres en fond de scène venait pallier ces légères imperfections qui, dans l’ensemble, ne sont jamais venues altérer le sens de la performance. Le jeu de Mélissande McNabney à l’orgue est également à souligner pour la dextérité de son interprétation dans des lignes tout aussi exaltées que celles interprétées par Cutting.

D’un caractère serein et pastoral, la deuxième cantate de la soirée Vergnüte Ruh, beliebte Seelenlust [Bienheureuse paix, bien aimée béatitude] a mis en valeur le timbre feutré et cristallin de Hugh Cutting. Moment particulièrement expressif, l’aria “Wie jammern mich doch die verkehrten Herzen” [Qu’ils me font donc pitié, ces cœurs dévoyés] est un dialogue épuré exempt de toute basse continue où les instruments à cordes (violons 1-2 et alto) jouent à l’unisson avec la voix et un orgue à deux claviers. Bourgie ne possédant pas un tel instrument, deux orgues positifs ont été requis sur scène pour cette pièce. Assurée par Mélissande McNabney et Tom Annand, ce jeu de claviers distinct a permis de mettre en valeur l’intrication des lignes vocales et instrumentales, pétri d’accords tendus, accentuant le caractère plaintif et d’affliction de cet air. 

Les Violons du Roy et Bernard Labadie ont trouvé en ce jeune Britannique la voix de Bach idéale pour leur programme. Investi sur scène, intelligent dans son interprétation avec une voix agile, ample et sonore, Hugh Cutting a fait une première apparition remarquée empreinte d’émotion, de clarté et de raffinement ; des éléments que le public de la salle Bourgie lui a rendus par une longue ovation.

crédits photos: Pierre Langlois

classique / musique de chambre

OSM : Le romantisme transfiguré

par Rédaction PAN M 360

Découvrez une nuit de passion et de mystère avec deux maîtres viennois du romantisme tardif, où les émotions se transforment en musique envoûtante, de Schoenberg à Johanna Müller-Hermann.
Les deux œuvres au programme appartiennent au romantisme tardif, et leurs auteurs, tous deux viennois, ont étudié auprès d’Alexander von Zemlinsky. La nuit transfigurée de Schoenberg s’inspire d’un poème de Dehmel qu’elle traduit par une musique dramatique et passionnée. Quant à Johanna Müller-Hermann, très célèbre à son époque, c’est une musicienne à découvrir; ses œuvres possèdent une grande richesse harmonique et mélodique.

Discover a night of passion and mystery with two Viennese late-Romantic masters, where emotions are transformed into spellbinding music, from Schoenberg to Johanna Müller-Hermann.
The two works on the program belong to the late Romantic period, and their composers, both Viennese, studied with Alexander von Zemlinsky. Schoenberg’s Transfigured Night is inspired by a poem by Dehmel, and translates it into dramatic, passionate music. As for Johanna Müller-Hermann, very famous in her day, she is a musician worth discovering; her works possess great harmonic and melodic richness.

POUR ACHETER VOTRE BILLET, C’EST ICI!

Ce contenu provient de l’Orchestre symphonique de Montréal et est adapté par PAN M 360

classique

Quatuor Molinari: de la peinture à la musique

par Rédaction PAN M 360

Le Quatuor Molinari souligne le 20e anniversaire du décès de Guido Molinari en interprétant des œuvres inspirées de ses toiles et de ses sculptures, ainsi que l’ultime quatuor d’Anton Webern, son compositeur préféré. Des projections d’œuvres du grand peintre québécois accompagneront le concert.

The Molinari Quartet marks the 20th anniversary of Guido Molinari’s death by performing works inspired by his paintings and sculptures, as well as the ultimate quartet by Anton Webern, his favorite composer. Projections of works by the great Quebec painter will accompany the concert.

POUR ACHETER VOTRE BILLET, C’EST ICI!

 Ce contenu provient du Quatuor Molinari et est adapté par PAN M 360.

classique

Les Violons du Roy: Une voix pour Bach

par Rédaction PAN M 360

Le formidable jeune contre-ténor anglais Hugh Cutting, nommé « BBC New Generation Artist » en 2022, retrouve le chef fondateur des Violons du Roy, Bernard Labadie. Ils célèbrent les 40 ans de l’orchestre dans un programme comprenant deux des plus belles cantates de Bach pour voix soliste, ainsi que deux concertos grossos de Handel.

The formidable young English countertenor Hugh Cutting, named “BBC New Generation Artist” in 2022, reunites with Les Violons du Roy’s founding conductor, Bernard Labadie. They celebrate the orchestra’s 40th anniversary with a program featuring two of Bach’s finest cantatas for solo voice, plus two Handel concertos grossos.

POUR ACHETER VOTRE BILLET, C’EST ICI!

Ce contenu provient des Violons du Roy et est adapté par PAN M 360.

classique occidental / musique contemporaine

Les Violons du Roy | Rêves et expérience sonore d’une nuit d’été

par Cédric Picard

Seul au micro, avant même l’entrée en scène de l’orchestre, Nicolas Ellis nous invite au rêve. Pas le rêve enfantin et ludique, mais bien le Rêve (avec un grand R) sous toutes ses facettes, qu’elles soient joyeuses ou tragiques, pleines d’espoir ou de déception. Avec humour, il suggère que l’on mette de côté tout rêve en lien avec les voitures de course considérant la pollution sonore due aux événements du Grand Prix Formule 1 ayant lieu tout près de la Salle Bourgie ce soir-là. Sur ce, les musiciennes et musiciens des Violons du Roy prennent place sur la scène pour créer une véritable expérience musicale. 

Dès le début, on sent qu’il ne s’agira pas d’un concert typique. D’abord, plusieurs chaises sur scène sont ostensiblement vides, puis, la musique débute sur des sons électroniques qui donnent l’impression d’une forêt pleine de vie. Par la suite, l’ensemble entre en jeu et la soprano Andréanne Brisson Paquin se fait entendre, mais au fond du balcon de la salle. À peine a-t-on le temps de vivre pleinement cet espace sonore, une création de la compositrice Claudie Bertounesque, que la Fantaisie sur un thème de Thomas Tallis de Ralph Vaughan Williams en émerge sans interruption. Dès lors, on découvre le deuxième élément inusité de ce concert : neuf musiciennes et musiciens de l’ensemble sont eux aussi installés au balcon de la Salle Bourgie. Ce sont les neuf interprètes qui composent le deuxième orchestre de la célèbre œuvre. Le comble est que l’acoustique de la Salle Bourgie est si parfaite que, si on ne connaissait la position de ces musiciens (c’était mon cas, étant assis au parterre), on aurait juré que le son provenait de quelque endroit dissimulé sur scène. Le moment était particulièrement enchanteur. 

Les performances musicales des musiciennes et musiciens des Violons du Roy n’ont pas fait exception à la réputation de l’ensemble qui se démarque par la qualité constante de ses interprétations à travers tous les styles. Des mélodies expressives et flottantes de Vaughan Williams au folklorisme déjanté de Kilar, tout passe à merveille. Mention spéciale à la soprano Andréanne Brisson Paquin qui transmet avec brio la charge émotive des paroles de Golijov par la flexibilité et la puissance remarquable de sa voix. 

Après le concert, il m’est resté l’impression d’avoir vécu une expérience singulière, quelque chose de plus grand qu’une simple performance musicale. L’inclusion des trois interludes commandés spécialement pour faire le pont entre les œuvres, le choix de jouer Vaughan Williams de manière antiphonale et l’ordonnancement des œuvres au programme de la plus lyrique à la plus frénétique, ce sont là l’évidence d’une attention particulière dans la conception de l’expérience musicale. Je dois avouer que j’ai été convaincu. J’aurais toutefois retiré l’entracte qui scindait maladroitement en deux parties les chansons de Golijov. Le fil conducteur aurait été beaucoup plus apparent s’il n’était pas coupé. Une autre opportunité manquée, à mon avis, est l’intégration plus ou moins habile des illustrations de Frédéric Ellis. Bien qu’elles soient magnifiques, elles n’ont pas énormément contribué à l’expérience de concert. Ceci étant dit, elles n’y ont rien retiré non plus, donc je ne leur en tiens pas rigueur. 

L’idée de faire sortir le concert classique de son cadre rigide n’est pas nouvelle, mais la manière dont Nicolas Ellis et les Violons du Roy l’ont exécutée est louable. Ce concert a été un exemple parfait de ce qu’il est possible de faire lorsqu’on s’interroge réellement sur l’expérience qu’on offre en tant que musicien classique et qu’on laisse aller sa créativité et celle des créatrices et créateurs d’aujourd’hui. Mon seul hic: j’en veux cent fois plus! J’ai foi que cette approche nous en mettra plein l’ouïe dans les prochaines saisons des Violons du Roy et dans les prochaines œuvres de nos compositrices et compositeurs canadiens. 

Entretien avec Claudie Bertounesque 

J’ai eu le plaisir de m’entretenir avec Claudie Bertounesque à la suite du concert pour en apprendre plus sur sa pratique artistique. La compositrice s’est dite choyée par l’amour qu’elle a reçu de la part des Violons du Roy dans le contexte de cette création. Étant spécialisée en composition de musique à l’image, ce genre de commande hautement spécifique fait fleurir sa créativité. D’ailleurs, elle m’a révélé que l’écoute des œuvres à l’origine de ses interludes lui a rappelé la couleur bleue, une belle coïncidence considérant que c’est la couleur prédominante des illustrations de Frédéric Ellis. Elle m’a aussi appris l’origine de la musique électronique contenue dans cette œuvre, soit, entre autres, le son d’une lampe à gaz qu’elle a enregistré́ dans un chalet qu’elle a visité et le cri d’un geai bleu qu’elle a ensuite manipulé pour produire des sons ressemblant au coassement d’une grenouille ou à la stridulation de criquets. J’invite les amateurs de musique électroacoustique à entendre Le chant des bélugas, une autre pièce de la compositrice commandée par Nicolas Ellis et l’Orchestre de l’Agora.

crédits photo: Pierre Langlois

Inscrivez-vous à l'infolettre