Yoo Doo Right est une créature montréalaise ayant atteint cette année sa pleine maturité. Année faste, indeed : l’album From the Heights of Our Pastureland et The Sacred Fuck EP, parus respectivement en novembre et en mars de cette année.
Le premier enregistrement s’amorce sur le traitement d’un enregistrement sur ondes courtes dont le fondu enchaîné avec un bourdon et d’un extrait vocal entre une ballade triturée de Johnny Cash ou une métaversion country d’Angelo Badalamenti. Et re-bourdon, parsemé cette fois de trilles synthétiques, puis des bruits d’une manifestation, puis une musique slave assortie de drone, puis un chant choral en spirale ascendante, et puis plein d’autres choses jusqu’à ce que le groove rock ne s’installe et mette la pédale au fond et la maintienne dans une brutalité linéaire, avec très peu de variations.
L’album est encore plus substantiel, chaque proposition y est distincte, originale, inspirée. Les sources de Yoo Doo Right remontent au krautrock de Can, aussi dans le drone et dans la saturation des fréquences post-rock, dans le martèlement industriel, aussi dans le traitement d’enregistrements terrains ou archives triturées à qui mieux mieux, même dans le space rock, notamment à la fin de l’album automnal.
Le mantra, la prière, la transe et l’hypnose sont tous liés à cette pratique rock fodée sur une binarité inoxydable dans le rythme. L’ajout d’instruments acoustiques comme la trompette filtrée (deux sur scène le 6 décembre dernier) raffinent davantage la facture générale, en studio ou devant public. On ne peut qualifier ça carrément de post-rock, mais il appert que Yoo Doo Right, des hauteurs de son pâturage, se taille une place dans les altitudes de la transe rock, en voir d’acquérir un statut majeur. Bientôt parmi les Godspeed You! Black Emperor, Tortoise et autres Swans?