Connu pour ses mélanges de trap psychédélique et de sonorités plus expérimentales, Playboi Carti est l’un des rappeurs les plus appréciés de la scène hip hop. Whole Lotta Red, son troisième album studio, est un projet diamétralement opposé à tout ce qu’il a fait auparavant, fusionnant le punk et le rap. Voilà qui ne laissera personne indifférent !
Associé à la scène d’Atlanta, Playboi Carti se réinvente complètement sur cet opus. Tantôt criard, tantôt nasillard, il laisse de côté son proverbial flow nonchalant et décontracté, offrant ici un ensemble hétéroclite. La présentation désordonnée et irrégulière de l’album peut jouer en sa faveur, tel que dans les chansons Stop Breathing et New Tank; le son y est compressé, le mix crépite comme un feu de camp, on a droit ici à des moments cathartiques et libérateurs.
Créée en collaboration avec Kanye West, la chanson Go2DaMoon est une des plus bizarroïdes de l’album si ce n’est que pour ses changements rythmiques fréquents. Kanye délaisse ici son style plus soigné des dernières années pour ainsi offrir une performance plus crue, non sans rappeler The Life Of Pablo (2016).
Cependant, cette hétérogénéité extrême peut nuire à la cohérence de l’album; si certaines chansons expérimentales s’avèrent captivantes, par exemple, d’autres sont plus ardues à l’écoute. C’est notamment le cas de la chanson Control, un hymne à l’amour où les fluctuations vocales du rappeur peuvent être grinçantes pour l’auditeur. Quant aux chansons Place et Sky, elles dévient de la trajectoire expérimentale et punk de l’album, et rappellent plutôt les anciennes chansons de Playboi Carti mais cette fois-ci, malheureusement, avec une certaine fadeur. Whole Lotta Red est donc un projet qui ne fera pas l’unanimité, mais dont il faut souligner l’audace.