Le Black Umfolosi est un super groupe vocal a capella dont les racines sont profondément enfouies dans plusieurs provinces du Zimbabwe. Son nom, « la rivière noire », il l’emprunte pourtant d’un pays voisin, l’Afrique du Sud, avec lequel il partage ce cours d’eau, aujourd’hui partiellement asséché. L’autre point commun incontournable avec le pays de Nelson Mandela, c’est, bien entendu, les sublimes harmonies vocales dont la plupart d’entre nous ignoraient l’existence avant la rencontre de Paul Simon à Londres avec Joseph Shabalala et l’enregistrement de Homeless en langue zouloue sur l’album Graceland en 1985.
…And then they were six. Le Black Umfolosi fonctionne encore à plein régime depuis sa formation en 1982 (bientôt 40 ans !) et complète ici son 15e volume, sans compter les collaborations et les nombreux albums en solo de ses trois membres fondateurs Thomeki Dube, Sotsha Moyo et Austine Chiane (la voix très basse dont un tel groupe ne saurait se passer). Trois autres membres se sont rajoutés à l’alignement final, l’agencement le plus solide et le mieux balancé que l’Umfolozi ait connu pendant sa longue histoire. Il s’agit d’un jeune danseur surdoué et de deux chanteuses solistes issues de la nouvelle génération. Ces nouvelles recrues s’impliquent donc désormais dans le chant solo et la création des chorégraphies qui sont aussi la marque de fabrique d’autres groupes voisins comme Ladysmith Black Mambazo. Musiques irrésistibles certes, mais peut-être un rien machiste dans l’attitude si l’on considère l’ensemble de ces discographies où les femmes ne semblaient vraiment pas avoir leur place.
Ici on chante le bon Dieu en anglais Coming Your Way, Our Lord – du vrai gospel africain – et on rend hommage au peuple bantou du Sud dans Ihoso Beat avec des instruments traditionnels. L’album intitulé Earth Song implore les humains de protéger notre bonne vieille Terre, mais le fait qu’il soit sorti le 24 juillet, un mois jour pour jour après l’assassinat de Georges Floyd, donne à ces six musiciens de la voix l’occasion de faire écho partout au mouvement Black Lives Matter sur le continent où ils sont nés.
Apaisant, envoûtant et engageant.