Surpriiise ! Christine Tassan, la reine des Imposteures, avait un atout dans la manche, une arme secrète, un péché mignon : une guitare électrique !
Après 20 ans à bourlinguer sur les routes du Québec avec son jazz manouche, le quatuor acoustique entièrement féminin dont la Parisienne est à la fois la fondatrice, la meneuse et la principale soliste, avait franchi tout bonnement la marque des 600 concerts. De quoi prendre une petite pause, rien qu’un p’tit break comme on dit, le temps de changer d’air. Et pour faire suite à l’excellent Entre Félix et Django, prix Opus du meilleur album de l’année pour 2018, la dame sort l’engin de son étui comme un bijou de son écrin. Une Gibson, une Ibanez ? Non, c’est l’œuvre sans nom d’un luthier chinois. Mais qu’est-ce que ça sonne bien !
Tassan a donc tout changé. Son toucher, son attaque, son phrasé, son vocabulaire même. Il ne reste que peu de réminiscences de son style jazz gitan sauf dans une pièce comme Not Just a Blues Away, mais on reconnaît néanmoins son bon goût, son langage mélodique plein de fantaisie, et sa tendresse aussi. Farouchement indépendante (c’est son septième album studio, autoproduit et distribué avec les moyens du bord), elle a planté un nouveau décor. Celui d’un jazz mainstream instrumental pour un quintette très classe (avec piano) et dans lequel Aurélien Tomasi se distingue en alternant du sax à la clarinette avec un égal bonheur.
Au menu (très varié !) : un swing à l’américaine, un boléro, une bossa classique, une ballade, une valse lente, un gypsy funk, de longues intros pleines de douceur en duo et un titre, enfin, À bâtons rompus, dans le style french touch démontrant que la soliste n’a pas oublié d’où elle vient.
Un album entièrement instrumental et fort agréable en somme, qui se laisse déguster sans le moindre effort. Le beau risque.