Le Slope Up Session Club est l’une de ces entités musicales libres que toute ville digne de ce nom devrait avoir. Autour de ses soirées de jam gravitent d’excellents musiciens de la scène indépendante dans une veine jazz-funk très improvisée avec beaucoup d’apport post-rock. Même si Tokyo est le genre de ville où l’on trouve plusieurs de ces endroits, le Slope Up Session Club mérite une attention toute particulière.
Parmi les habitués mononymes de ces soirées, on peut citer Kim, du joyeux duo basse et batterie Uhnellys, Ruppa de la dangereuse formation jazz-punk Kagero, et Tatsu du turbulent groupe de ska LÄ-PPISCH. Tout le monde a droit à un peu de considération ici, même Nozomi Nobody, chanteuse indie sur mesure le jour, mais dont le territoire d’exploration est totalement différent ici.
« Nous sommes free jazz en tout temps, merci » est la devise du Slope Up, et c’est cet esprit qui prime dans cette série d’enregistrements devant public, bien qu’on y ait réservé une place à la parole (postman), à l’humour et à ce qui est sans doute la chanson punk la plus féroce que l’auteur de ces lignes ait entendue depuis longtemps, repel virus. Le musclé background, véritable séance d’entraînement, commence les hostilités, suivi de ce cookie sournois, qui semble errer sans but jusqu’à ce qu’un puissant groove lui permette de se ressaisir. Il y a plus de place pour respirer sur children are leaving, qui donne une meilleure idée de l’expressivité des musiciens. On ne peut hélas pas en dire autant de start the past, la seule (longue) déception de l’album, mais arrive ensuite salt and breakdown, qui ramasse tout ce qui traîne pour en faire un bouquet final énergique et furieusement désinhibé.