Sorti du label anglais Invada (Beak>, Blanck Mass, The KVB), Joe Oxley est le musicien et artiste visuel derrière le logo TVAM (aussi écrit TVAM®) qui a implanté sa marque de fabrique avec son remarquable premier album Psychic Data en 2018, en jouant avec des miroirs virtuels, des synthétiseurs télépathiques, des désirs inconscients de publicités et des égarements nostalgiques sur cassettes VHS. Inspiré par les déconstructions sauvages de Suicide, des rêves innocents de Boards of Canada et des quêtes d’infinis de My Bloody Valentine, TVAM revient avec un album encore plus coloré et plus lourd, où la saturation électronique vient court-circuiter les chairs.
Comme une version pop art plus consommable du projet Add N to X et son électro-bizarroïde Metal Fingers in My Body, Future Flesh exprime la distorsion du siècle et la motorisation gratuite révolutionnée par l’industrie, à travers le « doom scrolling », alors que le choix n’existera bientôt plus pour longtemps. High Art Lite nous fait tomber dans la vie cahoteuse d’un monde parallèle où faire le deuil du rêve est aussi synonyme d’espoir pour protéger ses idées (« Find someone new to be -Take off – And never come back – If dreams can be bought – Then this whole thing falls apart »).
Comme une fable moderne sortie d’un épisode de Black Mirror, l’album image l’étrange destin translucide d’un abandon obligatoire, programmé par un ultime retour où l’on sort du tunnel sans aucune preuve du voyage. Pour éviter de tomber dans le piège de la fausse piste d’un produit artistique manufacturé, Oxley invite à poser une question pertinente : « Am I just pushing buttons for the sake of it? » Heureusement, le miroir ne triche jamais.