Le duo, actif depuis 2015, nous offre son deuxième album, mûri sur quatre ans. Chacun des membres a une longue, et impressionnante, feuille de route derrière lui : Pilkington œuvre depuis belle lurette à l’édition de la « culture impopulaire », dixit le site de Strange Attractor Press. York, multi-instrumentiste aux nombreux projets, a collaboré avec des groupes aussi mythiques que Coil et Cyclobe.
Ensemble, ils façonnent une musique relevant de la tradition kosmische, soit une déclinaison planante du krautrock, dépouillée de ses influences rock, mais empreinte de ses élans exploratoires. Ce mélange de textures, vibrantes, synthétiques et organiques, est habilement unifié. Les instruments à vent de York, au nombre desquels figurent la cornemuse et la flûte, s’allient à une solide maîtrise d’appareils analogiques et numériques. En résulte, suivant le mantra artistique du duo, une exaltante « exploration de la nature et de l’électricité ».
L’album s’ouvre sur une déferlante de cloches, assourdissante. Les mélodies spatiales en arrière-plan prennent le relais. Come! Vehicles of Light s’avère une montée en apesanteur introductive. An Unexpected Visit fait entendre une incantation, inédite, de l’occultiste Alex Sanders, datant des années 80. Sa voix, chuchotante, soupirante, est nimbée d’envolées célestes, qu’accompagne un basso ostinato. La complainte s’estompe au bruit des vagues. La pièce-titre de dix minutes, grave et grandiose, est une véritable tempête cosmique. Les coups de sonde périodiques d’une basse profonde soutiennent une cacophonie transcendantale où les grondements de la guitare distorsionnée rivalisent avec la cornemuse. Comme sur plusieurs pièces, on a le sentiment final d’une épure, où tout s’ordonne.
Chaque pièce, magnifiquement ouvrée, est faite de dissonances se résolvant en fines mélodies, sur fond de répétitions pacifiantes.