Revoici les chouchous de l’alt-pop ésotérique britiche The 1975, armés de leur cinquième offrande studio, Being Funny in a Foreign Language. Ils y causent d’amour, de jeunesse et d’espoir – endommagé, mais toujours viable – pour l’avenir. Malgré une approche plus conventionnelle quant à sa conception, Being Funny in a Foreign Language s’avère l’album le plus surprenant du groupe de Manchester.
Notes on a Conditional Form (2020), leur album précédent, était une odyssée tentaculaire de 22 chansons, allant des partitions orchestrales aux jams country. Being Funny, en revanche, présente de manière beaucoup plus sobre et dépouillée leur esthétique pop sucrée. En deux fois moins de temps et au moyen d’un son plus cohérent. Certaines chansons ressemblent à un retour en force – comme Happiness, d’inspiration disco, ou Oh Caroline, une sorte d’hymne à la mode –, mais on peut dire que The 1975 se réinvente tout se consolidant son style.
Par exemple, prenez le morceau d’introduction The 1975. Chacun des albums du groupe comporte une version de cette chanson, qui annonce le paysage sonore et le ton émotionnel de ce qui suit. Même si cette pièce récurrente a connu des variations, comme l’inclusion de Greta Thunberg en 2020, aucune version ne s’est autant éloignée des « normes » que celle-ci. C’est bien plus qu’une introduction, cette fois-ci; ça ressemble plutôt à une invitation désespérément émouvante à l’aventure, dans l’honnêteté et la vulnérabilité.
Cette honnêteté constitue un changement de paradigme pour Matty Healy, leader de la troupe, habituellement ironique et subversif. Lorsqu’on observe la progression des 1975 au fil des ans, on constate leur évolution vers ce son mature et terre-à-terre.
Peu de groupes pop contemporains réussissent à tenir le coup comme The 1975. Being Funny in a Foreign Language nous montre à quel point ils sont demeurés si pertinents, pendant une décennie. Bien qu’il renvoie ses auditeurs à un sentiment de jeunesse éternelle, le groupe continue de s’adapter, de se transformer et d’évoluer aux côtés de son public. Pas tant dans les trouvailles sonores et l’adhésion aux tendances que dans le plaisir d’exister comme groupe.