On aurait pu croire que la scène hardcore tirerait profit du contexte politique toxique des dernières années. Or, dans le monde des musiques extrêmes, c’est plutôt le death metal qui semble subir une cure de rajeunissement alors que de jeunes formations délaissent les productions aseptisées et les prouesses techniques pour se concentrer sur le côté hideux, primitif et menaçant du genre.
Apparu dans les années 2010, Of Feather and Bone est un digne représentant de cette tendance qui s’inspire du death plus organique et naturel de la vieille école. Son précédent album, Bestial Hymns Of Perversion, proférait un death metal ultra- « caverneux », reposant sur une production sourde qui laissait peu de place à la subtilité et aux détails. En échange, l’auditeur se trouvait plongé dans des atmosphères oppressantes, malsaines et mystérieuses. Pour Sulfuric Disintegration, leur troisième album, Of Feather and Bone ouvre les lumières de la caverne. Cette clarté permet à l’auditeur de découvrir ce qu’auparavant il ne pouvait que deviner. Malgré le boucan et la densité de la proposition, la production, désormais précise et détaillée, permet aux nuances de s’exprimer et de mettre en valeur l’exécution des musiciens, notamment celle du batteur qui occupe beaucoup d’espace.
Les films d’horreur nous ont toutefois enseigné que c’est souvent ce qui est laissé à l’imagination qui fait le plus peur. Ainsi, si ce nouveau disque suscite l’intérêt en raison d’une production impeccable et de plusieurs passages solides qui mènent parfois le groupe aux limites du black ou du war metal, on se demande si la formation n’a pas perdu un peu de sa singularité en cherchant, en quelque sorte, à se standardiser. Heureusement, nous sommes encore loin de l’aseptisation. Avec Sulfuric Disintegration, Of Feather and Bone poursuit son ascension.