Dear public your love saved me from solitude forever sincerely Sofiane P.S. I wrote this album in Asia. Chaque mot de cette phrase devient l’un des 18 titres de Letter, album très prisé par l’audience soul/ hip-hop. Voilà la seule et unique singularité identifiable de cet album signé Sofiane Pamart, chouchou afro-français du piano néoclassique, fort bon technicien du clavier au demeurant. Rappelons qu’il est le virtuose le plus invité des artistes hip hop d’Europe francophone, on pense notamment à Joey Starr, Grand Corps Malade, Vald, Scylla ou Kery James, il est clairement le plus aguerri des claviéristes mis à contribution au beatmaking en soutien aux rappeurs. Ce garçon joue très bien, aucune faute apparente n’est observable dans les limites de ses compositions « originales ». Pour le reste, il faut malheureusement jouer les trouble-fêtes en soulignant que ses pièces ne sont généralement que d’évidentes adaptations de la musique pour piano composée à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, à commencer par Frédéric Chopin pour le romantisme et Maurice Ravel ou Erik Satie pour la modernité. Comme tous les pianistes néoclassiques inspirés par la période romantique et l’aube de la période moderne, son succès repose essentiellement sur le milieu créatif et le public auquel il est associé. La mouvance hip hop n’étant pas naturellement encline à se délecter d’un Bruce (Xiaoyu) Liu, d’un Charles Richard Hamelin ou d’un Seong-Jin Cho, grands virtuoses issus de la même génération que Sofiane Pamart, il est parfaitement normal que le meilleur pianiste de son univers connu la mène à l’éblouissement. Et c’est tant mieux pour Sofiane Pamart, qui n’est ni un compositeur génial ni un interprète d’exception, néanmoins supérieur à la plupart des praticiens du néoclassicisme pianistique, nul besoin de les nommer.
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