Dans les entrevues qu’elle donne pour en faire la promotion, Katie Crutchfield répète que Saint Cloud est, pour elle, l’album de la sobriété. Sur Arkadelphia, une des dernières pièces du disque, elle s’imagine en train de brûler comme une ampoule électrique devant les yeux d’un public qui se dit qu’elle n’était tout simplement pas faite pour cette vie. Bien sûr, ne plus toucher à la bouteille ne suffit pas et l’instigatrice du projet Waxahatchee doit également affronter d’autres démons intérieurs. Comme elle le dit sur War, elle est en guerre contre elle-même.
Afin de mieux se livrer à cette mise à nue de son âme, la chanteuse a décidé d’assumer l’héritage sudiste de son enfance passée en Alabama en délaissant l’indie rock de ses albums précédents pour se tourner vers un son plus country. On ne se salit pas trop les bottes, cependant. L’americana que joue le groupe Bonnie Doon qui accompagne Crutchfield sur ce disque est bien propre. Ce qui n’enlève rien à la crédibilité de l’entreprise, chaque chanson est empreinte d’une grande sincérité.
Saint Cloud est une réussite sur tous les plans. Une fois l’oreille faite à sa nouvelle direction musicale pouvant sembler plus conventionnelle, on ne peut qu’apprécier les mélodies fortes dont le disque regorge. Marquée par Bob Dylan et Lucinda Williams, la plume de Crutchfield, quant à elle, est tantôt directe, tantôt plus abstraite, mais toujours affûtée. La richesse de son imagerie n’a rien à envier à qui que ce soit. Comme cette voix, qui est toujours aussi belle.