Le Québec est riche de compositeurs et d’œuvres symphoniques. Malheureusement, cette réalité est très peu représentée sur disque. En tant que nation qui cherche constamment à affirmer sa présence au monde, cette situation devrait être une source de gêne et même de honte. Voici que l’excellent Orchestre symphonique de Laval sous la direction d’Alain Trudel (non, il n’est pas revenu. L’enregistrement a été réalisé avant son départ en 2022) corrige un tant soit peu cela en interprétant une œuvre iconique de l’un de nos grands compositeurs : la Symphonie gaspésienne de Claude Champagne. Pourquoi n’y a-t-il pas plus de versions de cette fresque grandiosement romantique? Ça me dépasse. D’un seul tenant faisant une vingtaine de minutes, la Symphonie convoque, je l’ai dit, le Romantisme, mais aussi Debussy et La Mer dans ses élans somptueux et ses remous harmoniques qui n’ignorent pas l’impressionnisme. Trudel propulse ses musiciens et les anime d’une ferveur vibrante qui donne vie à une partition parmi les plus importantes de l’histoire de la musique canadienne et québécoise, car l’une des premières du genre. C’est beau beau beau et l’OSL sonne magnifiquement bien. Voici une lecture qui fera date. Enfin!
Alain Trudel a eu la bonne idée de ne pas se contenter d’une seule œuvre d’ici en ajoutant au programme Célébration d’André Prévost, une pièce écrite pour le centenaire de la Confédération en 1967 et créée par l’Orchestre symphonique de Halifax. On reconnaît dès les premiers jaillissements de cuivres l’angularité des harmonies créées par Prévost. C’est de loin la pièce la plus ‘’moderne’’ du programme. C’est aussi très bellement orchestré (Prévost savait y faire) et atmosphérique. J’imagine que ça a dû paraître un brin rugueux pour une ‘’célébration’’, mais qu’à cela ne tienne, c’est superbe.
Le programme est complété par deux chefs-d’œuvre européens basés sur le folklore national, la Suite de danses Sz 77 de Bartok (non, pas les Danses roumaines!) et les spectaculaires Danses de Galanta de Kodaly. Ce sont des partenaires parfaits, qui servent à présenter l’étendue impressionnante des capacités coloristiques de l’OSL. Écoutez avec attention le tableau sonore chatoyant et somptueux créé dans le Kodaly, terminé par une conclusion ébouriffante. Très excitant!
L’orchestre lavallois confirme une fois de plus sa place parmi les ensembles de qualité, non seulement à l’échelle québécoise mais aussi canadienne.
L’album sera en vente le 30 août.