Si vous étiez présent le 25 février 2025 pour la création de Il teatro rosso au Théatre Plaza à Montréal, vous savez à quoi vous attendre de la musique (de l’états-unien Takasugi) créée pour cet événement de théatre musical psychotronique, tendance ahurissante et perplexante. Comme des milliers de gouttes éparpillées en passant devant un ventilateur, les giclures hyper pointillistes et glougloutantes de la partition nous aspergent de sonorités, de couleurs, de brindilles timbrales, de paillettes scintillantes et autres shrapnels microscopiques. Malgré le caractère entièrement abstrait du persona musical de Il teatro rosso, et l’initiale déroute de nos sens, habitués à des lignes et des formes plus facilement absorbées, on se laisse finalement prendre au jeu d’éclats sonores et à y plonger totalement en appréciant la nature ludique de l’ensemble. C’est de la musique d’avant-garde, certes, mais foncièrement souriante.
C’est aussi et surtout, une partition qui réclame une précision de tous les instants aux interprètes. Ceux et celles-ci sont exceptionnels, soit dit en passant, sous le patronyme collectif de No Hay Banda, ultra créative phalange montréalaise qui comprend des pointures telles Lori Freedman, Felix Del Tredici, Adrianne Munden-Dixos, Noam Bierstone, Sarah Albu, et d’autres magnifiques spécimens de la relève québécoise en musique d’avant-garde. Pour une meilleure compréhension du concept de Il teatro rosso, consultez l’entrevue que j’ai réalisée avec Noam Bierstone.
Si vous aimez Kagel, si vous aimez Lachenmann et son principe de musique concrète instrumentale, ou encore si vous kiffez l’univers psychédélique de David Lynch, Il teatro rosso devra faire partie de votre ‘’to-see-and-hear list’’