On dit que lorsqu’il a créé les oiseaux, Dieu a utilisé les restes pour façonner ces grands échassiers de marabouts, également appelés oiseaux croque-mort ou, en Ouganda, kaloli. Ces charognards à l’allure misérable, qui profitent de la gestion douteuse des déchets à Kampala, ne sont peut-être pas les oiseaux les plus beaux, mais c’est une espèce aussi résistante que florissante. Pas un mauvais choix de mascotte, en fin de compte, pour Nihiloxica.
L’un des groupes phares de Nyege Nyege – festival, studio, étiquette et plus encore, qui défend l’explosif underground électronique africain – la formation de Kampala a, avec ce nouvel album – son œuvre la plus aboutie à ce jour – migré vers le vénérable label belge Crammed Discs, pionnier dans le domaine des hybrides culturels non conventionnels.
Nihiloxica, c’est le partenariat entre Alimansi Wanzu Aineomugisha, Jamiru Mwanje, Henry Kasoma et Henry Isabirye, quatre batteurs de haut niveau du Nilotika Cultural Ensemble de Kampala, axé sur la collectivité, et les producteurs électroniques anglais Spooky-J et pq. Avec deux EPs très remarqués et plusieurs tournées importantes à leur actif, ses six membres ont constamment enrichi leur palette sonore et tenu les promesses de leurs premiers enregistrements.
Expliquer l’instrumentation et les traditions régionales en jeu ici serait une tâche ardue, mais les renseignements existent. Ce qui est évident à l’oreille, c’est que ces motifs de tambours complexes et communicatifs, issus des différentes régions de l’Ouganda, constituent un langage musical en soi. Les échanges entre les battements bruts et retentissants et les inquiétantes incantations numériques produisent de puissantes hallucinations polyrythmiques qui ne font pas que charmer, elles ensorcellent littéralement.