Thomas Dausgaard et le Seattle Symphony poursuivent leur exploration des symphonies de Carl Nielsen (1865-1931) sur ce deuxième opus d’un cycle consacré au compositeur danois. Peut-être moins connue que celle de ses vis-à-vis norvégien et finlandais Grieg et Sibelius, l’œuvre de celui qui est considéré comme le compositeur national du Danemark n’en est pas moins imprégnée de son héritage musical : un langage qu’il absorba avec intelligence avant de le reformuler de manière originale et personnelle.
De facture conventionnelle sur le plan de l’harmonie et de la ligne musicale, les premières symphonies du compositeur que nous propose maestro Dausgaard, spécialiste du répertoire danois, sont marquées, non pas par l’emploi distinctif d’idiomes folkloriques, mais par l’utilisation de la tonalité progressive qui fait évoluer l’identité musicale de l’œuvre dans son déroulement. La première symphonie porte la marque de l’esthétique de Brahms et de Dvořàk avec une attention rythmique et motivique rappelant la cinquième de Beethoven, notamment dans le premier mouvement. Malgré son titre évocateur, Nielsen se refusait à qualifier sa deuxième symphonie (Les quatre tempéraments) de programmatique. Les humeurs qui sont exprimées par les indications de caractère des mouvements (Allegro collerico; Allegro comodo e flemmentico; Andante malincolico et Allegro sanguineo) laissent néanmoins poindre une certaine imagerie qui n’est pas ancrée dans un canon stylistique excessivement sentimental, mais qui au contraire fait s’exprimer un éventail complexe d’émotions. Cela est particulièrement notable dans le troisième mouvement « mélancolique » dont l’esthétique est empreinte de tristesse, mais également de désarroi et d’irritation.
Élégamment dirigé avec sensibilité et énergie, le contenu de cet album offre une belle et excellente introduction pour découvrir l’œuvre de Carl Nielsen, que vous soyez féru de musique scandinave ou un mélomane intrigué.