N Nao – Nouveau langage

· par Alain Brunet

N Nao, le pseudo qu’incarne la Montréalaise Naomie de Lorimier, s’avère à mon sens l’une des plus intéressantes révélations des dernières années. Nouveau langage, le titre de son troisième album, est-il à la hauteur de ses prétentions? Chose certaine, l’approche est atypique, bien que d’autres autrices-compositrices-interprètes procèdent à des explorations comparables – Grouper, Jenny Hval, Julia Holter, etc. Mais en Amérique francophone, N Nao peut être considérée comme une pionnière, on peut ainsi admettre que Nouveau langage est un titre justifié.
À l’instar de ses œuvres précédentes, ce magnifique album de N Nao n’est pas une galette de chansons en bonnes et dues formes, car l’artiste n’y exploite pas systématiquement la forme AABA, structure inhérente à la pop – plus précisément, la forme AABA d’une chanson comporte 2 parties distinctes : la section A est répétée (AA) avec la même ligne mélodique et les mêmes accords, la section B qui suit est le pont (bridge) avec une autre ligne mélodique et une autre construction harmonique, et on complète le tout par le retour de la section A.
Esprit libre, N Nao n’obéit pas systématiquement à cette forme admise pour obtenir un succès populaire. Sa poésie d’inspiration écoféministe, c’est-à-dire très proche de la nature et exprimant l’énergie de la progestérone (une inspiration de N Nao: Par-delà les frontières du corps de Silvia Federici, un essai sur le contrôle du corps féminin), est plutôt couchée sur des trames musicales variant de 2 minutes et 40 secondes à 5 minutes et 53 secondes – ce qui peut être bellement allongé sur scène.
On absorbe le nouveau corpus de N Nao comme des musiques instrumentales ou électroniques puisant dans différents styles – ambient, new age, drum&bass, cyber-folk, krautrock, musique de chambre, etc. Le jeu des référents est ici fluide, organique, aménagé par une très douée coloriste. Connectée à son inconscient, à ce que sa pensée exprime à travers les rêves et même la transe créatrice, N Nao dispose d’un canal exceptionnel pour mener son inspiration à bon port. Qui plus est, cette jeune femme assume pleinement sa douceur et sa sensualité, jusqu’à exhaler la fièvre inhérente au désir, sans pour autant déraper dans l’hypersexualisation. Ses mots sortent direct de l’inconscient, textes courts sur l’amour, le corps, la terre, textes simples, craquants de vérité.

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