Mood Taeg ne se gêne pas pour puiser allègrement dans l’âge d’or krautrock : un peu de Can pour le rythme, beaucoup de Cluster et d’Harmonia pour la splendeur goûteuse et optimiste. Son matériau de base consiste en rythmes qui stimulent doucement l’auditeur, ainsi qu’en motifs complexes et ondoyants de guitares et de synthés. Mood Taeg fait allusion à ces motifs dans le titre de son deuxième album : une anaphore est une répétition des mêmes mots dans différentes phrases, qui produit un effet prononcé et immédiat sur la psyché (songez au discours « Je fais un rêve » de Martin Luther King); le familier favorise l’ouverture à l’inconnu, donc. Mood Taeg applique aussi l’anaphore à ses techniques de composition et à la pop allemande « songée » du milieu des années 1970, en poussant celles-ci un peu plus loin vers l’inconnu. Sur Exophora, son premier album, Mood Taeg n’utilisait la voix humaine que très discrètement, à des fins texturales. Sur Anaphora, par contraste, la formation précise sa vision du monde au moyen de longs extraits d’archives où s’expriment des artistes et des activistes. Rien de trop ostentatoire, Mood Taeg fait passer la complexité subtile avant le volume. Cela fait d’Anaphora un album qui vous vivifiera délicatement.
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