Sur son dernier mini-album, le multi-instrumentiste Mike Noordzy, basé dans le New Jersey, compose des pièces à la croisée du free jazz déconstruit et du blues vaguement nostalgique. On y entend autant le vibraphone que le vibraslap, tous deux au service de pièces instrumentales décontractées qui prennent quelques détours cacophoniques. Mike Noordzy fait preuve d’une grande maîtrise de l’équilibre, sa musique étant à la fois expérimentale et entraînante. Un équilibre qui n’est pas facile à trouver. Les quatre titres qui composent Sleaze Greaze sont relativement simples dans leur forme. L’auditeur les ressent comme de longs vamps, au cours desquels les musiciens varient la mélodie et construisent une tapisserie sonore qui devient de plus en plus bruyante et dissonante. À quelques moments clés, l’harmonie se transforme en chaos et laisse place à l’expressivité libre et désinhibée typique du jazz d’avant-garde. On y trouve également des jeux de timbres intéressants, résultat d’une post-production empruntant au collage musical.
Sur Sleaze Greaze, on est toujours imprégné d’une atmosphère un peu vintage, comme si l’enregistrement appartenait à une autre époque. L’instrumentation jazz et l’omniprésence du vibraphone y contribuent. Mais c’est l’utilisation d’un enregistreur multipiste analogique pour immortaliser les performances qui confirme cette esthétique. Bien que de courte durée, ce mini-album est bien construit et présente un condensé d’expérimentations accessibles.