Madness, le cinquième album studio de POLIÇA, sensation dream-pop de Minneapolis, est enfin arrivé… et vous n’avez probablement jamais rien entendu de tel. Sorti sur l’étiquette Memphis Industries, Madness est le chapitre final très attendu de la formule actuelle de POLIÇA. Combinant une batterie de style techno, des arrangements de synthés peu orthodoxes et la voix envoûtante de Channy Leaneagh, Madness propose une esthétique cohérente sur le thème de la morosité futuriste.
Les points forts de Madness résident dans les arrangements et la réalisation, tout au long de ses 32 minutes. POLIÇA a utilisé un « outil de production anthropomorphique » appelé « AllOvers(c) », qui ajoute une qualité sonore intéressante à plusieurs pièces. Les panoramas synthétiques et les percussions se mêlent de manière imprévisible pour créer une sensation éthérée et onirique, favorisée par la réalisation exceptionnelle de Ryan Olson.
La chanson-titre est exceptionnelle, avec ses cordes d’une tristesse écrasante mais magnifique, offrant un rare moment de musicalité tangible et élevant le morceau à seuil d’émotions viscérales, malgré les arrangements minimalistes. La chanson suivante, Blood, est probablement la plus dansante de l’album, en grande partie grâce à l’excellente ligne de basse de Chris Bierden, qui arrime cet air aérien à un rythme solide.
L’album s’écoute en douceur; il est idéal pour les jours gris et les soirées pluvieuses à la maison. On a toutefois l’impression qu’il n’atteint jamais tout son potentiel. On ne vous tiendra pas rigueur si vous ne remarquez pas que Madness est terminé, car il prend fin sans tambour ni trompette. Même les chansons qui culminent musicalement – comme Violence – prennent fin avant de nous avoir rassasiés, nous laissant avec l’envie ardente d’en entendre plus.
On peut affirmer que Madness n’a pas été créé en vue d’être accessible ou viable commercialement. Certains des choix de POLIÇA ne plairont pas à tous les auditeurs, mais ils ne semblent pas du tout involontaires. Madness est une œuvre sans concessions, imparfaite, mais belle, qui mêle électronique, dream-pop et R&B. À ne pas manquer, donc.