Le grand spectacle constitue la troisième partie du parcours discographique de Julie Blanche, après un microalbum de trois pièces en 2013 et un premier album complet, homonyme, en 2015. Madame Blanche a beau s’être extraite de l’ombre longue d’Antoine Corriveau, le propos et les effets n’en demeurent pas moins sombres. Avec des titres comme Ma belle menace, Après l’arrivée des monstres, Dans le ventre de la nuit et Les géants, on se demande si Julie ne force pas un peu trop sur les romans de Patrick Senécal. Heureusement que Terre tranquille vient nous rassurer.
Dans ce « grand spectacle », Mme Blanche délaisse le folk-rock mélancolique pour tendre vers un rock contemporain, mâtiné d’électro, qu’on dirait parfois influencé par l’électroacousticienne Poppy Ackroyd lorsque les vents soufflent dans les bois. Seules les premières mesures de Dans le ventre de la nuit conservent la teinte folk de l’ancienne Julie Blanche, avant le refrain citant Radiohead, période In Rainbows. Les géants, malgré ses rassurants effluves harmoniumiens, ne pèche aucunement par passéisme. Éclipse est porté par une batterie nerveuse à la Deantoni Parks. Le début très percussif et sautillant de À l’envers rappelle Marie-Pierre Arthur, tandis que dans Terre tranquille, la voix de Julie évoque celle de la regrettée Ève Cournoyer.
Julie Blanche s’est chargée des textes et a composé ses musiques avec Pietro Amato, membre fondateur de Torngat et collaborateur de Bell Orchestre et des Luyas, entre autres. M. Amato a aussi veillé à la réalisation, à la prise de son, au mixage et aux arrangement de vents (basson, flûte traversière, hautbois, clarinette et clarinette basse). Un « grand spectacle » à ne pas manquer, somme toute.