Mon collègue Alain Brunet a déjà encensé cette pianiste montréalaise en la qualifiant de l’une des meilleures sur la scène canadienne. Je ne contredirai certainement pas un jugement aussi éclairé! Wyatt a des idées musicales et un style de jeu et d’écriture qui est à la hauteur de l’élite actuelle du piano jazz (Mehldau, Yaron Herman, Shai Maestro, Fred Hersch…). Un mélange d’élégance, d’attitude assertive et d’émulsions idéelles intuitives et savantes, dans un canevas structurel balisé et ordonné, un cadre assez large pour permettre des échappées stimulantes, mais assez précis pour éviter l’éparpillement. Une sorte de compromis vertueux entre la spontanéité et l’intellect éduqué.
Wyatt, qui expose ici ses compos personnelles, sauf une relecture de Strayhorn (A Flower is a Lovesome Thing) a su s’entourer d’acolytes de haute stature (en vérité des amis et même plus dans un cas!) : Lex French et sa trompette virtuose mais toujours mesurée, son timbre coussiné qui ne dédaigne pas le grésillement expressif quand ça compte; Jim Doxas, une vraie légende made in Montréal, qui distille ce que j’appellerais sa pensée magique à tout l’ensemble : une alchimie intangible faite de sublime et de prosaïsme, transmise, on dirait, par télépathie au reste du quartette; et puis, Adrian Vedady, ‘’Mr Cool’’ à la contrebasse, socle rassurant et ancrage spirituel de cette congrégation musicalement transcendée par les créations de la leader. Vedady, incidemment, est ce cas dont je parlais précédemment : plus qu’un ami, il est le conjoint de Kate Wyatt. On comprend encore mieux le sentiment d’intimité qui se dégage des interactions entre les musiciens.
Un autre album révélateur de la pléthorique richesse musicale du jazz montréalais!
Kate Wyatt lancera officiellement Artifact au Dièse Onze, à Montréal, pendant le Festival international de jazz de Montréal, le 30 juin à 19 h. J’y serai certainement!
L’album sort officiellement sur toutes les plateformes le 1er juillet 2022