Pays : États-Unis Label : Cantaloupe Music Genres et styles : musique contemporaine Année : 2022

John Luther Adams – Sila: The Breath of the World

· par Frédéric Cardin

Bien que dans un étrange effet de ralenti, on est emporté par ce monumental hommage à la puissance physique ET métaphysique du monde, tel que représenté par l’Étatsunien John Luther Adams (à ne pas confondre avec le post-minimaliste John Adams, tout court). Grandiosement, mais lentement, l’orchestre d’Adams respire et expire, vibre, illumine, mue et se transforme, comme s’il se faisait le porte-voix de la Terre entière, tel un seul et unique organisme vivant.

Pendant près d’une heure, on est submergé par une sonorité digne d’un tsunami en slow-motion. La symbolique est d’autant plus forte que, enregistré pendant la pandémie, l’ensemble a été divisé en cinq constituants fondamentaux : le cordes, les vents, les cuivres, les percussions et un chœur. Aucun sous-groupe n’a pu entendre l’autre pour des raisons évidentes. Qui plus est, la partition est ainsi construite que chaque musicien de chaque groupe est invité à jouer une partie de la partition à sa convenance. Aucune performance ne sera donc jamais la même qu’une autre. Sila : The Breath of the World devient ainsi une fabuleuse métaphore contre l’isolement et en faveur de la résilience humaine. Chacun de son côté, des dizaines d’artistes ont fini par créer une œuvre collective aussi bien performative que sonore et musicale. Dans la collectivité, l’individualité peut exister. 

« (…) la pièce est ancrée dans notre position unique au sein de la musique et du monde, et de cette collection de solitudes, une communauté émerge. »

John Luther Adams

Seize « nuages harmoniques » fondés sur les seize premières harmoniques d’un si bémol grave constituent la base de l’œuvre. Ne s’y meuvent que des notes soutenues, en crescendos-decrescendos qui s’entrelacent habilement. À travers des nuages continuellement métamorphosés, des éclaircies scintillantes apparaissent et laissent traîner leurs rayons qui se mettent à ondoyer et danser à leur tour.

Sila vient de l’inuktitut et signifie « Le vent et le climat, les forces de la nature, mais aussi, plus métaphysiquement, la conscience que nous avons du monde et celle que le monde a de nous ». Le sens est holistique et vise une Totalité transcendante, parfaitement connectée à ce qu’on entend.

Voilà un chef-d’œuvre qu’il faudra absolument voir et entendre sur scène un jour. Fascinant, obsédant, ensorcelant, séduisant, bouleversant.

Tout le contenu 360

Festival des Saveurs | Carminda Mac Lorin, la femme aux multiples chapeaux

Festival des Saveurs | Carminda Mac Lorin, la femme aux multiples chapeaux

SAT X EAF | Amselysen et le parfum idéal d’un tueur en série

SAT X EAF | Amselysen et le parfum idéal d’un tueur en série

Festival Classica 2025 | Violoncelles au féminin

Festival Classica 2025 | Violoncelles au féminin

MIKE, Navy Blue et Mike Shabb donnent une leçon de rap au Théâtre Fairmount

MIKE, Navy Blue et Mike Shabb donnent une leçon de rap au Théâtre Fairmount

Nuits d’Afrique 2025: TOUT sur la programmation

Nuits d’Afrique 2025: TOUT sur la programmation

Festival des Saveurs – La jeunesse à l’honneur

Festival des Saveurs – La jeunesse à l’honneur

Grand Piano – Mathieu Boogaerts

Grand Piano – Mathieu Boogaerts

Festival Classica : Une ode à l’espoir avec Elvira Misbakhova

Festival Classica : Une ode à l’espoir avec Elvira Misbakhova

OSM | Du ciel à la Terre

OSM | Du ciel à la Terre

Festival des Saveurs | Aldo Guizmo fonce « Str8 Forward »

Festival des Saveurs | Aldo Guizmo fonce « Str8 Forward »

Backxwash – Only Dust Remains

Backxwash – Only Dust Remains

Deafhaven – Lonely People with Power

Deafhaven – Lonely People with Power

Transformer Hiroshima mon amour en opéra contemporain: Christian Lapointe et Rosa Lind racontent

Transformer Hiroshima mon amour en opéra contemporain: Christian Lapointe et Rosa Lind racontent

Charlotte Brousseau – Plus de fleurs que de fleuve

Charlotte Brousseau – Plus de fleurs que de fleuve

« Hiroshima, mon amour »: une soirée pour se rappeler

« Hiroshima, mon amour »: une soirée pour se rappeler

Molinari : l’intégrale des quatuors de Chostakovitch en trois programmes REPORTÉE

Molinari : l’intégrale des quatuors de Chostakovitch en trois programmes REPORTÉE

Walter Boudreau et Quasar autour de Chaleurs: l’interview mammouth!

Walter Boudreau et Quasar autour de Chaleurs: l’interview mammouth!

Ken Pomeroy – Cruel World

Ken Pomeroy – Cruel World

Piknic 2025 | Bellavie de MTL, house et afro-descendance

Piknic 2025 | Bellavie de MTL, house et afro-descendance

L’art du trait: l’euro vision de Klangkarussell à la SAT

L’art du trait: l’euro vision de Klangkarussell à la SAT

Festival des Saveurs | Du reggae à l’honneur pour la clôture

Festival des Saveurs | Du reggae à l’honneur pour la clôture

Centroamérica – un docu-fiction puissant sur la vérité et les liens à l’ère de la distance et du déni

Centroamérica – un docu-fiction puissant sur la vérité et les liens à l’ère de la distance et du déni

Lido Pimienta – La Belleza

Lido Pimienta – La Belleza

Tamir Barzilay – Phosphene Journal

Tamir Barzilay – Phosphene Journal

Inscrivez-vous à l'infolettre