Le Tunisien Amine Ennuri vit au Danemark mais l’Afrique vit toujours en lui. Les enregistrements d’archives ici sélectionnés par l’artiste, traités et mixés avec des influx électroniques, proviennent de son continent d’origine ou de sa diaspora : zones subsahariennes de l’ouest africain, aussi du centre et du sud du continent, parfois même de l’espace afro-antillais. Les polyrythmes se déploient par le biais des tambours, djembés, balafons, chants, tamas, batterie, congas, etc. Tout comme sur Drup, un opus de Nuri sorti en 2017, le DJ et producteur ne dénature aucunement la puissance de ces chants et percussions polyrythmiques traditionnels enregistrés sur le terrain. Le producteur se permet toutefois des insertions synthétiques et des voix filtrées dans le discours originel, et peut même isoler des boucles rythmiques à partir de ces enregistrements, pour ainsi maximiser l’impact du beat propice à la transe, lui conférer des vertus hypnotiques. Fait à noter, seule la dernière pièce au programme évoque l’arabité africaine. Nuri exploite donc un filon intéressant en faisant migrer ce vaste legs musical dans un environnement numérique. Ses habillages de field recordings pourront s’étoffer davantage au fil de ses projets à venir, cette quête n’est visiblement pas terminée.
