Imperial Triumphant – Spirit of Ecstasy

· par Steve Naud

Vus de l’extérieur, certains genres musicaux très codifiés peuvent donner l’impression de virer rapidement à la formule. Pour votre humble serviteur, il peut en aller ainsi des quelques branches du grand arbre de métal lourd que sont le black metal et, surtout, le death metal. Fort heureusement, il se trouve d’iconoclastes savants fous comme les membres d’Imperial Triumphant, pour mettre à mal les codes de ces sphères musicales. Depuis sa fondation en 2005, la formation new-yorkaise prend un malin plaisir à brouiller les frontières existant entre les différents sous-genres du metal, allant même jusqu’à flirter avec le jazz et la musique classique de tradition européenne. Cette approche semblait avoir atteint son apogée avec le très bon Alphaville publié il y a deux ans, mais Spirit of Ecstasy nous démontre que les métalleux aux masques dorés n’avaient pas tout dit. Au contraire, alors qu’auparavant certains passages jazz pouvaient nous apparaître décoratifs, voire plaqués, ce nouvel opus voit Imperial Triumphant combiner les différents styles qu’il aborde de façon beaucoup plus naturelle et convaincante. L’un des exemples patents de cette intégration des genres plus réussie réside dans l’instrumentale In the Pleasure of their Company, qui colore de teintes metal le jazz électrique que préconisaient Miles Davis et Weather Report. Autre démonstration de l’expertise en métissage acquise par ces musiciens : le solo de saxophone joué par Kenny G – oui, vous avez bien lu, Kenny G! – sur Merkurius Glided. Alors que la partie jouée par le maître du smooth jazz aurait pu être une pirouette ostentatrice un brin gratuite, elle se combine en fait à merveille avec les notes tourbillonnantes émises par le guitariste. Il en va de même des cordes et des chœurs plus classiques, dont le côté dramatique se marie si bien aux assauts brutaux livrés par le groupe.

Ce grand brassage musical reflète bien la folie métropolitaine qui entoure le trio au cœur de la Grosse Pomme. C’est ce chaos urbain, ainsi que la décadence du néo-libéralisme incarnée par Wall Street, que le groupe évoque avec succès par l’entremise de sa musique tonitruante et son propos fielleux. Toute l’artillerie de la grande famille metal est déployée avec cet objectif en tête. Sur Spririt of Ecstasy, on goûte à la célérité du black metal, aux chants gutturaux du death metal, à quelques évocations thrash et aux prouesses du metal technique. D’ailleurs, d’un bout à l’autre de l’opus, le jeu hallucinant du batteur Kenny Grohowski, nous a rappelé les rythmiques complexes mises de l’avant par Michel « Away » Langevin, percussionniste des légendes jonquiéroises de Voïvod. La présence de Denis « Snake » Bélanger sur la pièce de clôture confirme d’ailleurs cette influence. Quoi? Snake et Kenny G tous deux présents sur un seul et même album? Que oui! Et ça fonctionne en diable!

Tout le contenu 360

Avant de s’asseoir seule au piano, Ingrid St-Pierre répond

Avant de s’asseoir seule au piano, Ingrid St-Pierre répond

Virginia MacDonald, étoile montante de la clarinette avec l’ONJM

Virginia MacDonald, étoile montante de la clarinette avec l’ONJM

Lionel Belmondo , Yannick Rieu et l’OSL: jazz symphonique autour de Brahms, Ravel et Boulanger

Lionel Belmondo , Yannick Rieu et l’OSL: jazz symphonique autour de Brahms, Ravel et Boulanger

Louise Forestier et Louis Dufort dans le nid de la Vieille corneille

Louise Forestier et Louis Dufort dans le nid de la Vieille corneille

Université de Montréal : une relève placée sous de bonnes étoiles

Université de Montréal : une relève placée sous de bonnes étoiles

Bon Iver – SABLE, fABLE

Bon Iver – SABLE, fABLE

Stéphanie Boulay – Est-ce que quelqu’un me voit? 

Stéphanie Boulay – Est-ce que quelqu’un me voit? 

Magnifiques Héritières

Magnifiques Héritières

Stéphanie Boulay: album guérison, album reconstruction

Stéphanie Boulay: album guérison, album reconstruction

Joni Void veut que vous « regardiez des films expérimentaux dans le club » ou à La Lumière

Joni Void veut que vous « regardiez des films expérimentaux dans le club » ou à La Lumière

Marcus Printup à l’UdeM : sagesse, générosité, musicalité

Marcus Printup à l’UdeM : sagesse, générosité, musicalité

Pascale Picard replonge dans la création

Pascale Picard replonge dans la création

Dean Wareham – That’s The Price of Loving Me

Dean Wareham – That’s The Price of Loving Me

Pro Musica | Lucas Debargue, libre penseur pianistique

Pro Musica | Lucas Debargue, libre penseur pianistique

Éléonore Lagacé – Brûlez-moi vive

Éléonore Lagacé – Brûlez-moi vive

Pascale Picard – Bigger Kids, Bigger Problems

Pascale Picard – Bigger Kids, Bigger Problems

Laurence Hélie a retrouvé son nom

Laurence Hélie a retrouvé son nom

Le Quatuor Molinari et Berio, ce qu’en dit Olga Ranzenhofer

Le Quatuor Molinari et Berio, ce qu’en dit Olga Ranzenhofer

La déesse tunisienne Emel nous présente MRA

La déesse tunisienne Emel nous présente MRA

« I Feel Pretty, Oh So Pretty » avec Thomas Dunford et Arion Orchestre Baroque

« I Feel Pretty, Oh So Pretty » avec Thomas Dunford et Arion Orchestre Baroque

Shreez – ON FRAP II

Shreez – ON FRAP II

clipping. – Dead Channel Sky

clipping. – Dead Channel Sky

Sacré Gilles Vigneault | Entre Natashquan et Buenos Aires

Sacré Gilles Vigneault | Entre Natashquan et Buenos Aires

Luan Larobina – Casa

Luan Larobina – Casa

Inscrivez-vous à l'infolettre