Dans un contexte où abondent les singles disparates, la formation montréalaise Elephant Stone nous propose un album concept rafraîchissant. Tout en conservant son rock psychédélique caractéristique, le groupe nous propose un cinquième album studio qui sature les sens, non pas de façon linéaire, mais plutôt de façon fragmentée, comme un kaléidoscope.
La première pièce, Hollow World, donne le ton thématiquement et musicalement avec ses flux et reflux symbiotiques. Le sentiment de nostalgie de ce qui aurait pu être est rendu par une réalisation beatlesque, avec un chœur d’enfants laissant présager un avenir plein d’espoir.
We Cry for Harmonia fait écho au thème avec une guitare plaintive et des percussions cadencées. Dégénérant en distorsion, sa pop psychédélique mène ensuite à Harmonia, aux sonorités plus plombées, mettant en vedette les talents du sitariste Rishi Dhir qui s’éloigne de la pop pour explorer des fréquences insistantes et distordues. La brève et abrasive Land of the Dead fait appel à une guitare grinçante pour chanter la déchéance apocalyptique de notre planète.
I See You nous arrache à notre lourde réalité terrestre pour nous projeter dans l’espace. De délicates orchestrations et de douces pauses mènent à un mélange harmonieux d’effets et à un solo de percussion hypnotique. Avec ses sonorités électroniques, Fox on the Run pourrait être l’enfant spirituel d’Animal Collective et des Stone Roses venu d’une autre galaxie. Les choses se terminent avec la jolie petite comptine A Way Home, obsédante et tranchante comme une plume.
La production de cet album est soignée de bout en bout, de ses éléments les plus bruts jusqu’à ses voix rêveuses et à ses subtilités sous-jacentes. Le sitar est un instrument qui peut facilement dominer dans une chanson, pourtant ici, il s’y faufile et en ressort, à la fois énergique et discret.
Si vous avez une certaine nostalgie de George Harrison, Hollow devrait vous plaire, d’autant que sa progression lyrique et ses arrangements sont tout sauf prévisibles. Faites le voyage, ça en vaut la peine.