Il y a un an, votre humble serviteur découvrait l’étiquette Greyfade grâce à Rag’sma, excellent album de musique contemporaine signé Christopher Otto. Les cordes du Jack Quartet y donnaient vie à une musique conjuguant arithmétiques et bourdons sonores étendus. Maintenant, cette étiquette – dont les parutions sauront réjouir les amateurs de compositions minimalistes mais exigeantes – nous propose New Primes, de l’artiste vermontois Greg Davis. Une fois de plus, on assiste auditivement au déploiement de plages de musique horizontale, créées à partir de calculs mathématiques. Pourtant, cette parution ne ressemble en rien à l’opus de Christopher Otto. Les bourdons – ou drones – que l’on y découvre ont été conçus de manière entièrement électronique et sont, pour le genre, de durée relativement courte. Sauf exception, ils ne s’étendent en moyenne que sur cinq ou six minutes.
Les sceptiques pour qui « le drone, c’est toujours du pareil au même » risquent donc d’être confondus, s’ils se donnent la peine de prêter une oreille attentive à ces créations. Alors que souvent, on associe ce genre musical au zen et à la méditation, un sentiment d’inconfort se dégage des pièces contenues sur New Primes. Cette sensation n’a rien de désagréable, mais elle crée dans l’esprit de l’auditeur une tension qui lui donnera l’impression vertigineuse de marcher sur un fil qui se distord. Comme c’est le cas chez les œuvres drone les plus réussies, l’amateur de sons à l’état pur se délectera, au fil des écoutes, en découvrant des subtilités a priori insoupçonnées. Les basses sont goûteuses à souhait et l’utilisation d’un casque d’écoute est idéale, pour bien les apprécier. Chaudement recommandé aux mélomanes que ces vibrants bourdons n’effraient pas.