Le travail de la trompettiste canadienne Lina Allemano fait le bonheur des amateurs de musiques improvisées depuis quelques années. Pourtant, Glimmer Glammer est son premier album solo. Il a été enregistré après le décès de son collaborateur et ami Justin Haynes. Allemano s’est lancée corps et âme dans cette entreprise en solitaire afin de mieux vivre ce deuil.
Bien que quelques moments sur le disque soient empreints de tristesse, l’émotion qui domine à l’écoute de Glimmer Glammer est le plaisir. Sur le morceau d’ouverture, la joie qu’elle a eue à broder autour d’un motif qu’on croirait issu d’un vieux jazz de la Nouvelle-Orléans est palpable. Il en va de même pour les autres pièces de l’album sur lesquelles elle se livre avec un bonheur évident à des explorations sonores de toutes sortes, ayant recours au souffle continu ou à diverses techniques étendues comme cette boîte de biscuits en métal dans laquelle elle joue de sa trompette sur la toute douce Shimmer.
La pièce de résistance est toutefois One Man Down qu’elle dédie à la mémoire de son ami. Elle joue tout d’abord – avec un son particulièrement chaleureux – une mélodie qui évoque celles jouées par les militaires pour leurs compagnons d’armes tombés au combat. Ensuite, après un passage plus exploratoire, elle met sa trompette de côté et reprend cette mélodie en sifflant comme pour nous indiquer que malgré les épreuves, la vie peut continuer. Réconfortant.