Malgré un nom qui pourrait servir de titre à une série policière, Badge and Talkalot est formé d’un seul gars, un certain Gilberto Caleffi, dont la boîte à outils est assez simple (mais très efficace). La retenue judicieuse dont il fait preuve avec la batterie, la guitare rythmique, la basse bien grasse et fluide, et les claviers, en particulier les sonorités quasi chocolatées de la Fender Rhodes, lui permet de créer un funk sans chichi mais solide comme le roc, digne des connaisseurs.
Il y a aussi, bien sûr, les chanteuses et chanteurs invités qui se débrouillent assez bien, merci. Ce qui n’est pas surprenant quand il s’agit d’artistes de talent comme Georgia Anne Muldrow, inébranlable sur Showdown, et la grande dame du soul-punk Lisa Kekaula qui plane comme un putain de faucon sur le groove très Superstitious de Can’t Find Your Love.
Contrairement à son album précédent, l’insouciant Spaghetti Blaster paru en 2016, Fragments of the Soul est un peu plus sérieux et préoccupé par certaines questions mais sans jamais être lourd. Giving Up the Ghost, chanté par Kevin Mark Trail et écrit par nul autre que Ben Harper, en est un bon exemple. Il s’agit d’une chanson déchirante qui pourrait très bien conclure un enterrement, une histoire d’amour vouée à l’échec ou une misérable séance de lavage de vaisselle empilée depuis des jours, mais c’est aussi une excellente façon de terminer cet album sobre et dépouillé.