« Rappelez-vous, rappelez-vous du 5 novembre », dit un couplet du vieux folklore anglais qui parle de haute trahison et de la pendaison du pape. Le saxophoniste et manipulateur sonore Samuel Sharp se souvient certainement d’une récente soirée Guy Fawkes à l’occasion de laquelle on l’avait engagé pour jouer dans un restaurant au sommet d’un gratte-ciel avec une vue panoramique sur Londres et ses feux d’artifice. Fireworks From The Tower est une réminiscence enthousiaste, une histoire racontée avec des phrases musicales en cascade plutôt qu’avec des mots, mais qui n’en est pas moins attrayante. Flamboyante serait un qualificatif approprié.
Après une dizaine d’années, Sharp se réinvente comme multi-instrumentiste et producteur installé à Londres, avec un CV étoffé d’expériences sur scène et en studio et, sous le pseudonyme de Lossy, des morceaux downtempo pour les clubs sous les étiquettes Tru-Thoughts et Tessier-Ashpool. En solo avec son saxophone et son ordinateur portable, il reprend son nom et s’emploie à se trouver une voix originale et personnelle. Il se présente avec la candeur et l’éloquence d’un musicien de jazz, les penchants architecturaux d’un compositeur minimaliste, l’intuition d’un DJ pour les bons grooves et l’élan d’un conteur d’histoires apprécié par le public.
Le second morceau, Longdown Hill, rappelle non pas un moment mais un lieu, soit un bout de route de campagne à l’ouest de Londres que Sharp, plus jeune, a parcouru régulièrement par tous les temps pendant un an et qu’il salue de façon sympathique à l’aide d’une pédale de delay. Au moment d’écrire ces lignes, l’œuvre semble résolument automnale, mais avec des écoutes répétées au cours des mois à venir, elle pourrait se révéler tout autre. Quoi qu’il en soit, ces deux titres ne sont qu’un avant-goût du prochain album de Sharp prévu pour le printemps prochain, une perspective qui aidera à rendre les épreuves de l’hiver plus supportables.