Quoi? Vous ne connaissez pas l’Auguste Quartet? Pourtant, cette formation jazz montréalaise à géométrie variable existe bien depuis 23 années! Et voici qu’elle nous présente, ce printemps, son sixième disque. D’un album à l’autre, le seul dénominateur commun chez Auguste, c’est la présence immuable du respecté contrebassiste Alain Bédard – encore lui! – qui compose aussi la majeure partie du matériel et choisit un mystérieux titre en latin pour presque chaque opus, dont celui-ci (tout en contraste), Exalta Calma.
Voilà qui démontre encore le sacré sens de l’humour reliant ces artistes sous la bannière des disques Effendi. Contrairement à la réputation du label à qui l’on colle trop souvent une vocation de jazz trop sérieux, voire hermétique ou cérébral, le menu de ce nouveau volume présente, certes, des compositions aux structures contemporaines et résolument élaborées, mais toutes inspirées par des personnages et des lieux plutôt loufoques, comme Pou Titi, La méli-mélo, Queen Ketchup, La chaneleone (dédiée à une redoutable séductrice) ou encore Debout au bout du Bout-du-Banc qui évoque le ciel et la mer des Îles de la Madeleine.
À signaler, la présence du batteur Michel Lambert, un vétéran qui a déjà œuvré avec Auguste auparavant, et la participation conjointe de deux formidables jazzmen qui se sont distingués sur la scène locale. D’abord le saxophoniste alto et soprano Mario Allard, qui souffle tout son saoul, et, pour rafraîchir le tout, le désormais incontournable pianiste suisse Félix Stüssi. Ces compères se sont retrouvés – toujours avec Bédard comme pilier – au sein du Jazzlab Orchestra pour l’excellentissime album Quintessence. Ce qui ne les a pas empêchés de livrer simultanément des projets qui leur tenaient à cœur, comme l’album solo Diaporama chez Allard et le Supernova 4 dans lequel l’ami Félix joue les D’Artagnan avec les trois mousquetaires, Derome, Guilbeault et Tanguay, le super trio.
Enregistré l’été dernier chez Piccolo, ce recueil de musiques nouvelles et ouvertes du vénérable AQ se termine par Insomnia, un suspense digne d’un film noir qui nous donne l’envie de dire : « Lâchez pas les gars! »