La distance est un thème à la mode, ou disons plutôt un thème imposé avec un minimum d’improvisation libre. Comme dans toute période difficile, les artistes savent rebondir et se servir du mal pour faire le bien, et même le Beau. Distance, du Chœur de l’église St. Andrew and St. Paul dirigé par Jean-Sébastien Vallée, nous plonge dans le Beau, celui qui émane nécessairement de la tragédie et nous permet de la transcender.
Le programme est éclectique, allant de la musique ancienne à la contemporaine, mais uni par un même sentiment de plénitude sonore et une recherche de sérénité bienfaisante. Je suis toujours aussi émerveillé par la qualité exceptionnelle des artistes montréalais. Il doit y avoir dans cette ville le plus grand nombre de musiciens et d’ensembles de classe mondiale au mètre carré de toute l’Amérique, minimum! Le Chœur de l’église St. Andrew and St. Paul se révèle de plus en plus comme l’un de ses dignes représentants.
Superbes Agnus Dei de Barber (version chorale du célèbre Adagio pour cordes) et Lux Eterna d’Elgar (version chorale, ici également, d’une œuvre instrumentale, soit le fameux Nimrod des Variations Enigma). Un Komm, Jesu komm de Bach assez prudent, mais élégant, avec de très belles lignes pour violoncelle jouées par l’excellente Elinor Frey et, surtout, de belles découvertes en nouvelle musique, tel ce When the Violin de Reena Esmail, où les mélismes envoûtants de la musique classique indienne trouvent des échos dans le chant choral occidental. Pour moi, c’est une révélation!
Notons également une contribution du compositeur québécois William Kraushaar, Ni de l’est ni de l’ouest, sobre et touchant hommage en mémoire des victimes de l’attentat à la mosquée de Québec en 2017, chanté en français et en latin.
La distance évoquée par le titre n’est pas qu’un artifice marketing, loin s’en faut. Le concept se décline en autant de nuances que de titres au programme.
Musicalement, le répertoire explore le thème de distance à travers des œuvres pour double chœur, des œuvres de compositeurs provenant de communautés historiquement sous-représentées, des œuvres créant un pont entre les traditions du passés et la musique contemporaine, ainsi que des pièces reflétant le calme et une certaine sérénité amenée par la pandémie.
Jean-Sébastien Vallée
Distance est un autre rappel, si besoin était, à quel point l’art est fondamental dans nos vies et dans notre capacité humaine à traverser les pires adversités. Merci.
![Série Ultrasons de l’UdeM | Ton reflet défaillant et notre réalité numérique avec |[telemirror]| de Zachary Hardy](https://panm360.com/wp-content/uploads/2025/04/ZacharyHardy_181224_NinaGibelinSouchon_crop3-2-500x500.jpg)
