L’auteur-compositeur-interprète Aurélien Lantoine, alias Austyn, avait déjà mis le doigt sur son son en 2010 lorsqu’il a fait paraître un premier simple, La main sur les yeux. Pour créer cette ode injectée de guitare déchirante et de chœurs chagrinés, Austyn avait fait appel à Yann Cortella, batteur-réalisateur aux longs bras (Jacques Higelin, Brigitte Fontaine, Indochine, Alain Bashung). Toujours appuyé par Cortella, Austyn a publié l’année suivante Je tabou, un microalbum de quatre pièces. Le revoici neuf ans plus tard avec Désordres, un recueil de cinq titres. Son complice-créateur est désormais l’ingénieux et inspiré Denis Clavaizolle, qu’on connaît surtout pour sa longue collaboration avec Jean-Louis Murat, mais qui a aussi travaillé avec Daniel Darc, Bashung, Jane Birkin, Arthur H, Miossec, Dominique A, Zaz et Marianne Faithfull, entre autres.
Ça démarre avec Tes délits font désordre, un blues rock sur rythme synthétique. Le texte porte l’empreinte noble et truculente de Boris Bergman et Jean Fauque, paroliers de Bashung. La voix d’Austyn, chaude et juste assez graveleuse, nous rappelle celle de Paul Personne. Grenson s’articule autour des envoûtantes ambiances que crée Denis Clavaizolle au clavier, ainsi que d’influx de guitare nerveuse. Brune Mandarine, avec son texte au refrain-hameçon (« You call me Chaton – J’me tape des vertiges dans le salon »), écrit par le copain Robin Boissonneau, est un tube en puissance. Dans l’accrocheuse Phantom, un motif qui semble sorti d’une guitare à résonateur alterne avec un riff funky. Les paroles proviennent de Kent, musicien, écrivain et bédéiste renommé de la francosphère. Austyn enchaîne avec Origami, où il répète un refrain délicat (« Là sous les sunlights d’origamis – Plus personne ne danse, tant pis »), avant que la chanson ne prenne fin dans un barrage de guitares discordantes.
Austyn ne se contente pas de perpétuer intelligemment le pop-rock de ses illustres inspirateurs. Avec l’apport de Denis Clavaizolle, il lui donne un souffle contemporain.