Une fierté nationale québécoise, et je l’affirme haut et fort, l’ensemble Constantinople (ici en format duo avec Kiya Tabassian au setar et Patrick Graham aux percussions) rencontre le folklore scandinave en la personne de la violoniste Benedicte Maurseth, norvégienne d’origine. Ainsi, la musique persane danse avec la musique nordique, les méandres palatiaux de l’ancienne Persepolis s’unissent aux forêts enneigées du Nord. Ce n’est en vérité pas si étonnant compte tenu du fait que Tabassian est basé à Montréal depuis belle lurette. Il a donc une affinité certaine avec la ‘’nordicité’’. Pas surprenant non plus à cause des liens de plus en plus fréquents entre la culture nord-européenne et le Québec (pensons au succès du festival Fikas), puis, finalement, étant donné la nature ultra-curieuse de Tabassian, infatigable découvreur et explorateur de nouvelles amitiés artistiques.
Le violon de Maurseth, le hardanger (un instrument folklorique avec des cordes sympathiques qui lui donnent ce son si particulier), est ici intégré à la fabrique sonore des deux montréalais avec beaucoup d’élégance et de respect, si bien que la frontière entre les mélodies purement scandinaves et persanes semblent plus souvent qu’autrement s’effacer devant le simple partage humaniste qui résulte de cette rencontre. On a l’impression d’assister à une communion artistique intime, comme la contemplation partagée d’un même ciel magnifiquement étoilé qui serait simultanément apprécié quelque part dans les montagnes du Zagros et dans un fjord près d’Oslo. Ou comme des aurores boréales dans un ciel persan.
Un album d’une très grande poésie interculturelle.