The Garden of a Former House Turned Museum est avant tout une exposition/installation immersive du couple artistique formé de Chloe Lum et Yannick Desranleau. Les deux explorateurs en arts visuels sont aussi musiciens (AIDS Wolf!), ce qui les a amenés du coup à composer la trame sonore d’une vidéo intégrée dans l’expo. Cette mise en abîme multidisciplinaire se retrouve ici dans un enregistrement qui met de l’avant le côté éclectique des inspirations musicales du duo montréalais.
Il faut avant tout imaginer le contexte spatial de la musique, entendue dans une vidéo projetée sur un écran télé inséré dans une salle décorée en couleurs primaires et spectaculaires, meublée de façon kitsch, et qui suggère une fusion de références allant du garden-party à la BD classique en passant par le Pop art et Piet Mondrian. Dans cet espace ludique, un écran vidéo, donc, où des artistes chantent et dansent une sorte de comédie musicale, un cirque sonore loufoque. dans lequel le grotesque côtoie une post-modernité assumée et revendiquée. Un orchestre de cuivres et de percussions évoque du jazz schizophrène, ou parfois une samba intoxiquée et, sur le bord, extatique.
La musique donne vie à des textes épistolaires ‘’rédigés’’ par une autrice brésilienne fictive, d’où les références à la samba. Dans ces lettres, l’artiste cherche à obtenir des conseils sur la meilleure façon d’apprendre à vivre avec des douleurs chroniques. Dans la vidéo, ce sont les danses et les mouvements chorégraphiés qui font office de réponses. Les nombreuses couches de signifiance construisent un édifice symbolique et expressif riche.
La musique est en harmonie avec le travail visuel sur la théâtralité de l’espace et des objets/décors, ainsi que leur réinterprétation dans un situationnisme décalé qui mêle auto référencement, esthétisme coloristique et purement plastique, et symbolisme libre.
Je pense qu’il faut aller visiter l’exposition pour vibrer au même diapason que celui voulu par les artistes, mais on peut quand même imaginer le sentiment de déjantement post-pop art que l’on pourrait y ressentir.
C’est rare que des trames sonores écrites pour des expos/installations soient aussi fortes en expressionnisme théâtral. Assurément, ça donne terriblement envie d’y aller. Malheureusement, pour le moment, il faudra se contenter d’accoler les images à la musique car l’expo n’a plus cours.