Jeff Tweedy, de Wilco, a un jour affirmé que Cate Le Bon était « l’une des meilleures musiciennes du moment ». Cet immense compliment, venant du chef d’une des formations de rock alternatif les plus influentes des années 2000, est loin d’être gratuit.
Cate Le Bon est, en effet, une « musicienne pour musiciens » qui essaie constamment de se réinventer dans les genres indie rock, krautrock, et pop baroque. Elle sait écrire des mélodies à la fois accrocheuses et abstraites. On pourrait la caser dans la même niche que St. Vincent, par exemple, sauf que Le Bon est une artiste plus discrète qui se lasse vite des cadres sonores et ne fait de la musique que pour elle-même. C’est le genre d’artiste qu’on voit dans un bar de jazz sombre, plutôt que sur une scène prestigieuse.
Pompeii, son nouvel album, résulte d’un désir de créer de la musique s’apparentant à un tableau. On y entend des vagues de guitare Telecaster, des grappes de saxophone et de clarinette jumelés, des échos de clavecin, des synthés saccadés et, bien sûr, la voix de sirène de Le Bon. Sans oublier les lignes de basse qui lient des interludes déconcertants à d’autres carrément insolites.
Renchérissons sur l’affirmation de Jeff Tweedy : Cate Le Bon est une compositrice magistrale qui joue de tous les instruments sur Pompeii, sauf les cuivres et la batterie. En outre, elle sait exactement ce qu’elle veut. Il suffit d’écouter la chanson dadaïste Running Away ou Cry Me Old Trouble, des pièces minimalistes mais aussi surréalistes. On pourrait qualifier les chansons de Pompeii de broderies dont les fils lentement disposés finissent par révéler une image complète.
Les pièces de Pompeii sont des moments d’autoréflexion et des reflets fantaisistes du monde. On percevra sur cet album des influences comme Nico, David Bowie dans sa période jazz plus obscure ou le Brian Eno d’Another Green World. Or, globalement, le son de Pompeii appartient en propre à Cate Le Bon : c’est celui qu’elle affine depuis presque deux décennies.