Le cofondateur de Conventum (années 70) s’était fait relativement discret après la sortie de l’album Arrêter les machines en 2006, mais il est revenu en force en début d’année 2021 avec ses Cantates électriques (suite ferroviaire) , un pièce pour deux quatuor à cordes (l’un classique et l’autre composé de quatre guitares) et batterie. L’enregistrement datait de 2015, mais a finalement été rendu public en février 2021. C’était sans doute plus difficile de faire de la musique en groupe en ce début d’année, alors Duchesne s’est constitué un ensemble virtuel (guitares, basse, programmation [sax et batterie] et il s’est amusé à jouer tout seul (enregistrement, montage, mixage, etc.).
Le résultat est étonnant. On ne se refait pas, et on trouve là des couleurs de cette proto musique actuelle des années 70-80, quand Conventum ressemblait à Henry Cow (ou vice versa). On retrouve aussi les ambiances du Duchesne de la période Locomotive / Diesel (années 90) mais avec une dose de DIY qui fait tanguer la musique. Le volume 1 est plus low-fi que le second et la pièce d’ouverture, Bungalow Tango, semble être l’œuvre d’un groupe punk expérimental qui jammerait pour la première fois, avec une guitare qui part dans tous les sens par-dessus une basse qui pourrait être jouée par un émule de Jah Wooble (entendez-moi bien, c’est excellent!).
Quand on écoute l’ensemble d’un coup, le début du volume 2 marque une coupure assez claire, la production prenant soudain une petite coche en mieux, et on comprend qu’entre 2017 et 2021, le musicien a probablement acquis une plus grande maîtrise des « machines ». Sur Soleil Soleil, par exemple, on croirait bien entendre un véritable batteur (ce n’est pas Rémi Leclerc, fréquent collaborateur de Duchesne, mais c’est pas mal). Dans son texte de présentation, Duchesne explique que cette nouvelle suite a commencé par être une maquette et que le projet s’est finalement transformé en une véritable production. On voudrait certainement voir cet ensemble en concert, mais il est probable qu’un véritable groupe ne pourrait pas atteindre cette espèce de laisser-aller, de liberté, qui traverse d’un bout à l’autre cet excellent ajout au répertoire du compositeur.