L’année 2020 marque le centenaire de l’intrigant instrument électrophonique de Léon Thérémine, produit « éthéré » de la recherche soviétique sur les capteurs de proximité. Demeuré obscur et surtout associé à de vieux films de science-fiction, cet instrument a toujours ses ardents défenseurs.
L’année 2020 marque également les quarante ans de carrière, moins un an, du Bolognais Daniele Gaudi depuis qu’il a fait ses premières armes dans l’univers de la production musicale, se situant à la croisée du dub reggae, du mouvement naissant de la musique de danse électronique et de ce qu’on appelait alors le worldbeat, ce qui lui a bien servi. Installé à Londres depuis le milieu des années 90, il y est une figure très active, qui a travaillé avec à peu près tout le monde de la scène musicale des clubs britanniques.
Cinq des plus grands noms du dub moderne se joignent à Gaudi pour célébrer son thérémine bien-aimé : Mad Professor, Adrian Sherwood, The Scientist, Dennis Bovell et Prince Fatty. Rien des fondements du dub-reggae n’est remis en question ici, ceux-ci sont au contraire observés de façon scrupuleuse et compétente. Cela dit, les mélodies sont fortes et mémorables, notamment Dub out of Theremin, avec Adrian Sherwood, et le vertigineux Smokin Dub avec The Scientist.
Bien entendu, le thérémine est l’élément dominant dans chaque morceau, et Gaudi en joue avec amour et application, en en tirant les sonorités d’un autre monde caractéristiques, mais aussi diverses ambiances sentimentales et mélancoliques. Avec une note de tristesse pour ce que cette merveille électronique aurait pu être si elle n’avait pas été écartée par l’histoire, et une note d’émerveillement pour la magie qu’elle peut encore produire entre des mains expertes et aimantes.