Zen Bamboo… agitation dans les roseaux

Entrevue réalisée par Alain Brunet

Que se passe-t-il dans les caboches de ces quatre potes réunis au sein de Zen Bamboo? Difficile de préciser, mais, chose certaine, il s’en passe ! Depuis 2014, ces adolescents devenus adultes ont pris goût à leur passe-temps devenu profession à tel point que la formation est l’une des plus prometteuses au Québec rock. Voyons le récit d’une gestation artistique dont le premier album, GLU, vient d’être lancé chez Simone Records.

Genres et styles : rock

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C’est l’histoire de quatre ados issus de milieux relativement privilégiés, inscrits au Collège Durocher de la Rive-Sud. Comme la plupart des expériences pop, rock ou autres, celle-ci fut initiée dans un sous-sol, chez Charles-Antoine Olivier, alias CAO, batteur de Zen Bamboo.

Simon Larose, chanteur, guitariste et parolier du groupe, résume :

« Au départ, ce n’était vraiment pas autre chose que de passer la fin de semaine à jammer dans le sous-sol du drummer. C’était notre passe-temps principal d’adolescent, c’est devenu graduellement un métier. Aujourd’hui, Xavier Touikan (basse) et moi (chant et guitare) sommes âgés de 24 ans, CAO (batterie) et Léo (guitare) en ont chacun 22. Personne d’entre nous n’avons étudié en musique après avoir terminé le secondaire; nous avons tous suivi des programmes en arts visuels, lettres, cinéma et communication au cégep comme à l’université. CAO a complété un premier cycle universitaire en cinéma à l’UQAM, Léo était inscrit en arts visuels, Xavier en arts numériques, moi en littérature comparée. Nous avons tous pris une pause de l’université pour faire de la musique à temps complet. »

Foisonnante, touffue, massive, qui en met plein la vue, la musique de Zen Bamboo ne passe pas inaperçue.

Simon Larose relance l’énumération sur la voie stylistique :

« L’indie rock et l’emo des années 2000 sont très importants dans l’affaire. Le hip-hop et le R&B imbibent aussi notre culture musicale, ce sont des influences majeures même si elles ne sont pas apparentes. Quand on travaillait cet album, on pensait à Frank Ocean ou même à des rappers de moins bon goût comme Lil Peep. On pensait aussi à la pop de Grimes. Quant aux influences les plus cruciales, je pense à Nirvana, The Pixies, Red Hot Chili Peppers, Built to Spill, Elliott Smith, Frank Zappa, Jacques Brel, George Brassens, Jacques Dutronc, Richard Desjardins. »

Bien qu’ils soient d’allégeance rock, les jeunes mecs de Zen Bamboo adaptent à l’ère numérique ce genre apparemment devenu classique.

Simon Larose explique la façon de faire :

« Nous proposons des chansons rock fondées sur des structures simples. Les arrangements le sont moins, et c’est dans la manière de travailler que ça se passe. Par exemple, on peut prendre un pattern de batterie et l’adapter de différentes façons; on peut retirer ou injecter certains éléments de l’enregistrement originel pour ainsi générer de nouveaux effets. Nos chansons ont été composées avec des guitares, une basse, une batterie, après quoi nous avons passé beaucoup de temps à l’ordinateur. Nous avons essayé mille affaires, transformé les prises de sons, imaginé plusieurs collages. Lorsque quelque chose nous surprenait, nous le gardions. »

Zen Bamboo se produit en spectacle depuis 2015. Encore aujourd’hui, la force du groupe devant public est la plus grande.

Simon Larose l’affirme haut et fort :

« C’est ce qu’on aime faire le plus et c’est comme ça qu’on s’est fait connaître. À ce jour, d’ailleurs, je nous trouve encore meilleurs en show que sur disque. Vous savez, on joue régulièrement ensemble pour le simple plaisir de jouer, c’est encore notre passe-temps préféré même après six ans d’existence. Pour le prochain spectacle, d’ailleurs, nous prévoyons adapter les pièces en les jouant sans machines, ce qui nous permet d’en changer l’interprétation en temps réel. »

Julien Mineau, leader du groupe Malajube (2006-2011) et du projet Fontarabie (2014), a réalisé GLU.

Simon Larose décrit le lien établi :

« Notre ancien impresario fréquentait un bar du Quartier latin où se trouvait le bassiste de Malajube, Mathieu Cournoyer, qui nous a mis en contact avec Julien Mineau. Bien sûr, Malajube est un groupe mythique pour tous les jeunes Québécois de ma génération qui font du rock. Dans notre cas précis, l’influence de Malajube et Julien Mineau se fait sentir principalement dans la superposition des couches de sons. Aussi dans leur façon de culminer. Cela dit, nous ne voulions vraiment pas sonner comme Malajube, tout en en évoquant l’influence avec goût. Ce que nous avons fait avec lui, en fait, ne s’inscrit pas dans la filiation rock québécoise. Et s’il y a quelqu’un qui veut faire autre chose que du Malajube, c’est bien Julien Mineau! J’admets néanmoins que musicalement, c’est dans le même esprit de création. Au niveau de l’écriture des textes, cependant, on n’est pas vraiment à la même place. »

Effectivement, les textes de Simon Larose n’ont à peu près rien à voir avec ceux de son mentor musical.

Il tente une explication :

« Quand c’est déroutant et hachuré dans l’écriture, quand j’essaie de créer un déséquilibre, un effet de diagonale, ça m’apporte une immense satisfaction esthétique et symbolique. Dérouter, dire une chose pour en dire une autre, ou dire des trucs futiles, ou d’autres gros comme le bras, c’est un grand jeu pour moi. »

Et le ton? Simon dit se sentir « enragé » lorsqu’il écrit et exprime ses textes de chansons.

Pourquoi donc?

« J’essaie de produire du sens avec ce que je vois tout autour de moi et… tout est tellement étrange, violent, chaotique, absurde. Mes références vont du 11 septembre à la perspective de faire des enfants dans ce monde en déroute. Ainsi, j’envisage l’écriture de chansons comme un taureau qui voit rouge. Je vois notre époque comme un monstre absurde et menaçant, et c’est pourquoi j’essaie de créer un autre monstre pour lui tenir tête. »

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