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Artiste interdisciplinaire de l’audio et commissaire d’œuvres, Érick D’Orion a quitté la ville de Québec pour Montréal en 2015. Au cours de sa carrière, il a mis de l’avant plus d’une dizaine d’événements portant essentiellement sur l’art audio et la création sonore de pointe. Il fut notamment commissaire à la programmation du centre Avatar (Québec) d’octobre 2008 à juin 2010, il est commissaire pour le volet installations sonores du Festival International de Musique Actuelle de Victoriaville (FIMAV) depuis 2010.
Ses recherches audio portent souvent sur le maximalisme numérique, son travail peut s’apparenter au bruitisme, à la musique concrète, au free jazz ou à la recherche électroacoustique. Ajoutons à cette touche un humour proverbial, bien connu dans les cercles québécois de la musique actuelle.
Depuis l’été 2015, par ailleurs, Érick D’Orion travaille en collaboration avec l’artiste interdisciplinaire Catherine Lalonde Massecar (duo Massecar • d’Orion). Il est membre du duo morceaux_de_machines, du trio BOLD et du trio Napalm Jazz. Il s’est produit aux côtés d’artistes réputés, on pense à Evan Parker, Martin Tétreault, Otomo Yoshihide, Robin Fox, Ilpo Vaisanen, Diane Labrosse, eriKm, Sam Shalabi, Gunter Muller. Son travail a été présenté en Europe, en Australie, à Cuba, au Mexique, en Haïti et aux États-Unis d’Amérique.
Le 12 octobre, 20h, le festival Akousma met en scène Érick D’Orion à l’espace Wilder dans le contexte du Bloc 2 de la Soirée 2 du festival électroacoustique. L’artiste y présente Apocalypse vaudou.
Que peut-on savoir sur les traitements prodigués à cet enregistrement canin?
Érick D’Orion : J’ai décidé d’y aller le plus « naturaliste » possible, avec le moins d’interventions ou effets sur les enregistrements. Cet animal est fascinant!
PAN M 360 : « Également, on y retrouve les résultats d’une exploration récente sur l’oeuvre de Pierre Henry, l’Apocalypse de Jean. »
Pourquoi l’Apocalypse de Jean en particulier? Et quelles sont les pistes de cette exploration?
Érick D’Orion : Il y a 2 ans, je suis tombé sur une émission de France Culture portant sur la musique religieuse en musique électroacoustique. Et là, j’ai écouté une partie de l’album de Pierre Henry. L’intensité de la narration par Jean Négroni, le texte dramatique/cryptique/ésotérique/cabalistique, les interventions sonores électroniques brutes de Pierre Henry: tout était réuni pour que je me procure l’album et me plonge dedans. Et finalement, il y a un mois, j’ai été invité à faire un solo dans une abbaye en Beauce. Le lieu m’a tout de suite inspiré à utiliser des extraits de l’œuvre et une certaine relecture. C’est dans cet élan que j’ai décidé d’explorer un peu plus l’Apocalypse pour mon solo du 12 octobre.
PAN M 360 : « Finalement, je continue mon cycle sur Sun Ra en ayant le cosmos directement branché sur mes instruments. »
Quel est ce cycle sur Su Ra et dans quelle galaxie se trouve-t-il dans le cas qui nous occupe?
Érick D’Orion : Définitivement dans la Constellation d’Orion. Mon cycle sur Sun Ra a commencé en 2001 soit le Sunny Blount Project.
En janvier 2020, j’ai décidé d’aller plus loin dans mon cycle Sun Ra en créant presque uniquement des performances et des pièces inspirées par le maître: effets, échantillonnages, reprises.
PAN M 360 : Quel est le rapport entre les composantes de cet « état des lieux », soit le cycle Sun Ra, les sons de la chienne Vaudou et l’Apocalypse de Jean de Pierre Henry? Comment ces trois éléments trouvent-ils une cohérence commune au sein d’une même œuvre ? Y a-t-il d’autres éléments constitutifs de cette œuvre?
Érick D’Orion : Ces trois composantes sont canalisées par mon processus de création qui s’inspire habituellement d’une myriade d’oeuvres littéraires, musicales, cinématographiques, théâtrales et visuelles. Bref, les œuvres me portent et m’amènent à créer sur des inspirations quotidiennes. La cohérence se retrouve dans l’accumulation et dans l’art de l’accident, que je pratique depuis 1999.
PAN M 360 : Comment situes-tu cette œuvre dans ton propre répertoire original?
Érick D’Orion : En continuité logique de ma pratique actuelle et passée.
Q : Que définit , fondamentalement, l’approche Érick D’Orion dans tout ça?
Érick D’Orion : Une bonne partie de ma production sur disque ou en concert s’oriente sur l’accumulation, l’ajout de couches jusqu’à la saturation. Dans cette saturation, on peut commencer à perdre toutes tentatives de compréhension et c’est là que l’auditeur, à ce moment précis, découvre des textures, des mantras, vit une intensité, une catharsis. Je crois bien que ça résume l’approche dorionesque!
Cette soirée au Wilder est présentée conjointement par Akousma et Le Vivier.