L’équipe de PAN M 360 se fait un plaisir de fourmiller un peu partout aux Francos, dans les recoins évidents et moins évidents, pour le public francophile. Suivez notre couverture!
Loud et sa bande au sommet des Francos
crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin
Après Fouki il y a quelques jours, Loud était le deuxième rappeur québécois à assurer la grande scène de l’édition 2023 des Francos, mercredi soir. Avec l’aisance qu’on lui connaît, l’artiste de 35 ans a offert une prestation impeccable deplus d’une heure et demie, entouré d’invités extraordinaires dont entre autres le pionner du rap kéb, Sans Pression, son partenaire de longue date, Lary Kidd, ainsi que le collectif mythique Muzion.
Loud a débuté et terminé la soirée avec les meilleurs titres issus de son dernier opus, Aucune promesse. Entre-temps, le rappeur a offert une excellente sélection de ses meilleurs succès tirés de tous ses projets, allant même puiser dans le catalogue de Loud Lary Adjust (LLA), son ancien collectif qu’il formait avec Lary Kidd et Adjust. Au grand plaisir de la foule, Lary Kidd s’est joint à Loud pour interpréter certains titres de LLA comme XOXO, leur morceau le plus populaire. Avec la présence sur scène du producteur Adjust pendant tout le spectacle, les trois membres de Loud Lary Adjust étaient ainsi réunis et un sentiment de nostalgie s’est immédiatement emparé de la place des Festivals.
Tout au long, Loud s’est fait un malin plaisir à accueillir des invités sur scène. « C’est important de rendre hommage aux O.G et au futur du rap québécois », a-t-il dit avant d’annoncer l’entrée de Sans Pression. Par la suite, le public a aussi eu le droit au passage de Souldia, Connaisseur Ticaso, Muzion, Lost, Raccoon et même 20some. L’un des moments forts de la soirée est sans aucun doute l’interprétation de On My life par Loud, Lary Kidd et 20some. L’énergie était à son comble et les trois hommes étaient en parfaite symbiose avec la foule. Sans réelle surprise, c’est lorsque les premières notes de Toutes les femmes savent danser se sont faites entendre que les gens présents se sont faits bruyants.
Visuellement, la prestation de Loud était superbe. À plusieurs reprises, l’immense écran derrière le rappeur était sollicité pour projeter des vidéoclips et même des paroles. À quelques reprises, le Québécois s’est amené au bout de la scène où se retrouverait une plateforme élévatrice, imposant davantage sa dominance sur le rap kéb. Une chose est certaine, Loud a prouvé encore une fois qu’il est dans une classe à part dans son domaine, et ce devant des dizaines de millers de personnes.
Jacob Langlois-Pelletier
Pierre de Maere, excentrique et assumé
Crédit photo: Victor Diaz-Lamich
L’intrigant auteur-compositeur-interprète belge, Pierre de Maere était en ville aux Francos, mercredi soir. Devenu connu grâce à son titre Un jour je marierai un ange, l’artiste de 22 ans propose une pop planante teinté d’électro. Ce qui le démarque et qui lui a permis son ascension fulgurante au cours de la dernière année, c’est sans aucun doute son univers flamboyant, sa voix et sa capacité à s’aventurer dans les aigus.
D’entrée de jeu, l’excentricité sur scène du jeune homme est frappant et assumée. Sur scène, Pierre de Maere donne tout, absolument tout. Vêtu d’un complet rouge, le jeune prodige se déhanche et danse de manière atypique, non sans rappeler un certain Stromae. À plusieurs reprises, il se dit être essoufflé et en profite pour reprendre son souffle en remerciant les différents membres de son équipe. Pendant le spectacle, il a chanté son premier album Regarde-moi dans sa presque totalité. Outre certains problèmes de voix, le résultat était très fidèle à l’enregistrement. Impossible à nier, Pierre de Maere propose quelque chose de différent et d’intéressant musicalement. Il sera à surveiller!
Jacob Langlois-Pelletier
thaïs termine sa semaine incroyable aux Francos en beauté
Crédit photo: Jacob Langlois-Pelletier
Après deux premières parties et une participation à La Traversée, l’autrice-compositrice-interprète thaïs a conclu sa semaine de brillante façon lors du spectacle-vitrine, mercredi soir. Fidèle à son habitude, la Québécoise a offert une prestation tout en douceur d’une trentaine de minutes aux gens amassés devant la scène Silo Brasseur de Montréal. Visiblement habitée par sa musique, thaïs se laissait emporter par son œuvre et dansait sur ses arrangements électro-pop. Accompagnée de Jay Essiambre à la batterie, elle a proposé des versions davantage texturées de ses titres les plus populaires tels que Tout est parfait et La nuit te ressemble. Le public a d’ailleurs eu le droit à plusieurs envolées instrumentales de sa part. Sur scène, son énergie est contagieuse, ce qui rend l’univers de la chanteuse extrêmement accessible. Difficile de mieux demander pour bien débuter sa soirée aux Francos,
Jacob Langlois-Pelletier
Vendôme s’amuse sur la scène SiriusXM!
Si on en juge par la grandeur de la foule, le premier album de Vendôme, La Fable de la grenouille dorée, a fait de nombreux adeptes. Défini par le groupe comme du « folk-métal-légende », cet album est appréciable de plus belle sur scène, lorsque les chansons sont jouées entre deux ou trois blagues de la part des gars de Vendôme qui ont visiblement du plaisir à jouer ensemble, et à jouer pour leur public.
Le groupe a offert une performance forte en énergie, mais proposant tout de même quelques instants de douceur. Un moment particulièrement marquant fût lorsque le batteur prit la place du guitariste Tom Chicoine (qui arborait une fausse barbe et une perruque – on apprendra plus tard que c’était pour dissimuler le fait qu’il s’agissait en fait de La Faune) pour interpréter une ballade avec Marc-Antoine, le frontman du groupe. Après avoir réclamé à la foule de « se fermer la gueule, mais gentiment », les deux garçons ont interprété 03.04.19, permettant au public de reposer leur tête, qui devait commencer à être douloureuse avec tout ce headbanging.
Arielle Caron
Triomphe de Juliette Armanet, parfaite construction hexagonale
crédit photo: Victor Diaz-Lamich
Comme l’indique le titre de son album sorti en 2021, Juliette Armanet brûle effectivement le feu. Le brasier est bien pris aux planches dès la première mesure! D’origine française en majorité absolue, le public ayant rempli le MTELUS est gagné d’avance et n’a cesse de se pâmer devant un spectacle huilé au quart de tour. Au piano, au centre de la scène, du haut des escaliers, carrément dans la foule lorsqu’elle enlace ses fans ravis ou même du haut de la loge d’où elle entonne quelques fréquences, la star sait comment fonctionne la variété française. Parfaitement.
L’identité et la tradition de la pop hexagonale y sont respectées jusque dans les moindres détails: chanson “classique”, euro-disco, funky-jazzy, nostalgie à profusion malgré de (très) légères actualisations. Le verbe est bien ciselé, les thèmes sont d’actualité, la voix haut perchée, les poses évocatrices, la mise en scène rigoureuse et efficace, la construction par-faite…car il s’agit là d’une construction en bonne et due forme, aussi brillante soit-elle.
Un iota de France Gall par ici, une larme de Laurent Voulzy par là, un soupçon de François Feldman, un chouia de Barbara et ainsi de suite. À l’évidence, Juliette Armanet s’inscrit dans une tradition de chanson/variété hexagonale, elle a certes beaucoup réfléchi à l’érection de son personnage composite.
Et ce au grand plaisir de son public, essentiellement blanc et français, public ayant intégré ses référents et qui les déguste de nouveau.
Alain Brunet
Zaho de Sagazan: premier choc au QC
crédit photo : Alain Brunet
Notre interview en témoigne, nous avons été séduits par les enregistrements et propos de cette Zaho de Sagazan, qui a fait boum chez les francos festivaliers. Sur l’Esplanade de la Place des Arts, elle a conquis autant les Kebs de souche que les Français venus à sa découverte. La matière de son seul album a largement suffi à mettre sur le cul. Certes tributaire de la chanson française-française, particulièrement brellienne et stromaëienne, cette songwriter et performer a trouvé l’équilibre idéal entre synthwave, krautrock et chanson dite à texte.
Elle tout pour elle, cette plus qu’étonnante jeune femme de 23 ans. Naturellement douée pour les planches, cette voix de contralto impose le silence sur les scènes lorsque seule au clavier, et elle a tôt fait de nous aspirer dans le beat synthétique d’une redoutable binarité, non sans rappeler la pop synthétique allemande des années 70 (Kraftwerk, etc.) , mais aussi des variétés multi-générationnelles de pop synthétique dédiées au plancher de danse, de Depeche Mode à Indochine en passant par Com Truise et Kavinsky.
Les synthés modulaires sont actionnés par ses comparses inspirés, pendant qu’elle pilote son puissant vaisseau de séduction. Ce n’est qu’un début ! On pourra dire qu’on était là lorsque le premier choc eut lieu en Amérique francophone.
Alain Brunet