Après une étrange prestation MUTEK où Mue et Katherine Melançon utilisaient des synthés végétaux et grignotaient ceux-ci, un autre duo de DJ s’est pointé sur scène. Il s’agissait de deux Norvégiennes connues sous le nom de SMERZ, qui se sont lancées dans une séance de chill-beat, de slacker et de synth-pop.
Impossible de ne pas parler de la présence sur scène de ces deux amies, Catharina Stoltenberg et Henriette Motzfeldt. Elles avaient toutes deux l’air de sortir directement du lit, avec des cheveux en désordre et attachés, ainsi que de longs t-shirts sombres. L’une portait des godasses Crocs et l’autre des bottes d’hiver. En gros, on dirait qu’elles s’en fichaient, qu’elles avaient oublié leur spectacle et n’avaient rien prévu en fait de tenue. Peut-être touchaient-elles à un problème? SMERZ s’affiche comme l’antithèse du monde trop sérieux de la musique électronique.
Mais au fur et à mesure qu’elles harmonisaient leurs voix brumeuses et que des percussions polyphoniques s’ajoutaient, on se rendait compte que ces musiciennes sont des professionnelles, et que l’absence de costumes et de projections tape-à-l’œil devait être volontaire. Celles-ci ressemblaient à des photos d’amis prises au collège, avec des séquences en boucle de gens marchant ou jouant avec leurs cheveux. C’était hypnotique, mais ça ne servait pas de contexte aux chansons. Ou alors nous n’avons pas saisi le truc. J’ai l’impression que ces vidéos étaient aléatoires, on avait l’impression de feuilleter la photothèque du téléphone d’un inconnu, que l’on aurait trouvé au milieu de la rue. Cela ajoute à l’atmosphère détachée que créait la musique.
C’était un spectacle agréable, en somme, celui qui fut le plus susceptible de nous inciter à nous lever et à danser dans l’euphorie et l’ébahissement.
Photos de Bruno Destombes pour MUTEK.