Le 15 mars dernier, dans le cadre de la Semaine du Neuf, le Théâtre La Chapelle accueillait Tim Brady, ses guitares et ses pédales. Un changement de dernière minute au programme a permis à Brady de jouer l’intégralité de sa pièce de quarante-cinq minutes, Symphony in 18 Parts, ainsi que la première de For Electric Guitar.
Il faut dire, pour commencer, que La Chapelle était un excellent choix de salle pour ce répertoire, car le style de la boîte noire a permis de concentrer l’attention du public sur les outils de Brady (ses pédales, ses amplis et ses guitares), ainsi que sur ses paysages sonores. Sur un fond noir, il n’y avait pas grand-chose qui puisse distraire l’auditeur ; cela, associé à un bon éclairage, signifiait que les vibrations étaient tout à fait appropriées pour les inventions électriques de Brady.
En ce qui concerne la Symphonie in 18 Parts de Brady, il se trouve que je l’avais plus ou moins fraîchement dans les oreilles, car je l’ai beaucoup consultée en préparation du concert et des entretiens que nous avons menés en amont. Ainsi, je pense pouvoir dire quels mouvements ont été plus répétés que d’autres. De temps en temps, lorsqu’un passage de notes rapides se présentait, l’exécution était un peu moins nette que celle de l’enregistrement. Cela était plus perceptible dans les moments où la distorsion et l’overdrive étaient absents. Bien entendu, je ne blâme pas Brady qui n’avait pas l’intention de jouer l’intégralité de l’enregistrement. À d’autres moments, il s’est montré à la hauteur et a réalisé de manière impressionnante des passages délicats de sweep picking et de hammer-on flurries (en particulier dans For Electric Guitar).
Au final, un après-midi agréable de shredding, de paysages sonores éthérés et de tapping chatoyant. De plus, Brady avait un bon sens de l’humour, une attitude détendue et prenait le temps d’expliquer les sons qu’il produisait avant de laisser parler ses guitares Godin. C’est clairement la marque d’un compositeur et d’un interprète qui fait ce métier depuis des décennies.
crédit photo : Paola Benzi