Ça fait depuis 2010 qu’on vante les qualités de Georgia Anne Muldrow, poétesse, chanteuse, compositrice, beatmaker. Elle était là gratos au Studio TD, 14 ans plus tard. On y était, pensez donc.
On case officiellement cette iconoclaste dans les cases R&B, neo-soul et hip hop. La liste de cases ne s’arrête pas là: expérimental, électroacoustique, punk, jazz contemporain, gospel, post J Dilla et plus encore.
Elle se produit seule avec son gear, un Moog analogique assorti de différents bidules dont un Ableton et autres procédés qui peuvent déclencher une collection étoffée d’échantillons sonores. Authentique performer, elle chante avec puissance et sauvagerie, mais aussi avec justesse. On capote sur cette propension à l’hirsute, à l’extravagant, à l’humour absurde, à un vaudeville hardcore, assez malade merci. Mais aussi à la recherche et à la pensée complexe, à la vision conceptuelle.
L’heure passée avec elle est un méchant bric-à-brac sonore, extravagant, iconoclaste, mais ce chaos est plus organisé qu’il n’y paraît. C’est touffu, mais chaque touffe de cette folle improvisation d’une heure porte une vraie recherche, une cohérence, une cohésion.
« Je sais, je suis étrange mais… » laisse-t-elle tomber avec un large sourire. D’une étrange bonne humeur avec ses postures clownesques et ses fringues afrofuturistes à ne porter que sur scène, Georgia Anne Muldrow est néanmoins capable de communiquer avec un auditoire dont la partie congrue n’en avait jamais entendu parler. Perplexes devant cette créature de l’au-delà, une partie de cette partie congrue a quitté. Celles et ceux qui sont restés, cependant, ont vraiment trippé.
crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin pour le FIJM